vendredi 30 mars 2018

Nouvel acteur sur le marché de l'homologation : LR performance

Après Borel, LR performance se lance dans l'homologation de ses programmations et l'installation de kits. 



LR Performance reprogrammation



Voulez-vous en savoir plus ?
Installateurs agréés de kits E85 homologués
BOREL (spécialiste GPL) et Homologation kits E85
2017/12/15 : Officiel : kits éthanols homologables en France


Est possible de faire homologuer une reprogrammation ?


Intéressant, un nouvel acteur qui est en train de faire homologuer ces reprog. On va suivre son offre et le dossier.

LR Performance est un leader de la programmation moteur depuis des années. Il n'y a pas de raison que leur solution ne soit pas homologuée.
Attention au prix, il devra rester raisonnable contrairement aux offres actuelles sur le marché. Au passage, on attend toujours la première homologation des kits hors de prix ...

A partir de 450 €, le prix n'a pas changé, mais il ne doit pas comprendre l'homologation.


Sur le site "Homologation de nos transformations en cours… En 2018, il vous sera dorénavant possible de faire modifier votre carte grise."

LA SOLUTION ECOFLEX E85, est une programmation électronique de votre calculateur moteur qui s’adapte à l’E85 ou au SP95 / 98 à 100% ou mélangé de façon totalement automatique (idem cartographie automatique), cependant elle n’ajoutera aucun gain de puissance ou de couple à votre moteur. Nous avons développé cette nouvelle technologie pour les personnes qui ne désirent pas augmenter les performances de leur véhicule, mais qui souhaitent bénéficier de tous les avantages de la transformation au bio-éthanol E85 par le biais de la reprogrammation moteur. Tarif à partir de 450€ TTC.

La nouvelle offre de kits.


ARM engineering by LR Performance


LR Performance proposera bientôt 3 types de kits ARMBOX[E85], a priori sans homologation.
Boitier au superéthanol E85 : ARMBOX[E85] et a créé une nouvelle société ARM engineering pour répondre à la nouvelle réglementation française concernant l’homologation des dispositifs de conversion des véhicules à motorisation essence en motorisation à carburant modulable.

Pas trop de détails technique pour le moment et le descriptif n'est vraiment pas clair. Il va falloir patienter.

"Le kit est installé à la fois sur le bus de communication de données du véhicule (BUS CAN) et, soit sur des capteurs de pression ou de débit, soit directement sur les injecteurs. De plus il est capable de lire et de communiquer avec tous les autres calculateurs du véhicule et de modifier des signaux analogiques et numériques. Toutes ces fonctionnalités pour permettre une adaptation parfaite des paramètres du moteur afin de pouvoir réaliser une conversion au superéthanol E85 dans les règles de l’art. ARMBOX[E85] n’est pas seulement un boitier électronique comme ceux des concurrents mais une véritable INNOVATION technologique."

J'appréhende les montages sur les capteurs de l'ECU qui modifient les signaux ... On a déjà connu.

Le site annonce :
Prochainement, nous dévoilerons la liste de nos installateurs agréés ainsi que les véhicules qui pourront être convertis et homologués au bioéthanol E85 grâce à ARMBOX[E85].


Vive la concurrence.

jeudi 29 mars 2018

La vie du blog (sondage, abonnement, commentaires)

Bonsoir, chers lecteurs



Il y a 3 actions qui me permettront de suivre l'attachement que vous accordez à ce blog :

  • Sondage basique :
  • Abonnement par mail aux nouveaux articles.
  • La troisième action de votre part que j'attend est l'ajout de commentaires et questions auxquels je m'efforcerai de répondre.
    • Toute question, même évidente pour certains, ayant un lien avec l'alcool carburant est la bienvenue
    • Mais je me réserve le droit de supprimer les hors-sujets sans préavis avec effet rétroactifs. Ce blog n'est pas un forum.

Premier acte à effectuer


Il y a juste un seul clic à faire pour augmenter la crédibilité et la visibilité du blog Reno50 - E85 Locomotion.


Merci à vous.


.


Second acte à faire 


Ensuite, et cela reste personnel (dans les limites de la politique de Google qui est très sujette à controverse) , vous pouvez vous abonner pour recevoir par mail les nouveaux articles publiés en vous abonnant en cliquant sur le lien dans les menus.






Tuto : Alerte par mail pour les nouveaux articles publiés

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Les corrections d'articles et les nouveaux commentaires ne vous seront Pas notifiés.


A vous lire ...

RENAULT-COM reçu (Hardware)

Gadget chinois ou est-ce vraiment utile ?


  • Uniquement pour les moteurs Renault/Dacia à la lecture des spécifications ;
  • Les futurs modèles de l'Alliance Renault-Dacia-Nissan-Mitsubishi-Lada-Alpine-Samsung Motors-Infiniti-Datsun-Daimler pourraient être ajoutés au fil de l'eau ;
  • Gardez bien en tête que ce genre de matériel n'est utilisable qu'avec un PC Windows Bluetooth ;
  • Vous prendrez plus de plaisir à utiliser un ELM327 avec votre smartphone au quotidien.


Voulez-vous en savoir plus ?
Cadeau pour le Tce 90 H4BT du Stepway Sandero : Can Clip
Tutorial installation renault-com (XP)


C'est quoi ce truc pas cher ?


Renault-COM Bluetooth est un outil de diagnostic et de programmation (soit disant équivalent à une valise de concession Can-Clip de l'Alliance) pour les véhicules à moteur Renault.

On ne le trouve pas (encore) en vente sur les sites en France. Il parait "magique" mais il ne faut pas "s'enflammer" sur ces spécifications miraculeuses.

Ce petit module (BT+PC), pas plus gros qu'un ELM327 mais moins pratique au quotidien, peut accéder à d'autres unités de contrôle électronique (ECU) que celle du moteur, boîte de vitesses, ABS, Airbag / SRS.
Il peut identifier et effacer de la mémoire les codes de défaut, afficher, enregistrer les valeurs mesurées et effectuer des tests.

Ce lecteur OBD2 lit et peut modifier (soit disant) huit chapitres de la norme ISO9141 K-Line, un chapitre de la norme ISO9141 L-Line. Je ne sait pas trop ce que cela veut dire. On verra par expérimentation.


Prix et livraison


18 jours après la commande à un prix défiant toute concurrence (28 €) pour arriver, je m'y attendais. Bien emballé, conforme visuellement à ce que j'attendais.
Un petit CD et un boitier gros comme un paquet de cigarettes, livré dans la boite à lettre, enveloppe à bulle + une tonne de ruban adhésif.


Images du produit






How to ? 



Je ne testerais pas avant une semaine ou deux. Il n'y a pas d'urgence et c'est un gadget, plus qu'une obligation.

J'ai trouvé un tutorial vidéo. A regarder pour moins galérer.



Comment installer Nouvelle Renault-com Diagnostic et Programming Tool


A suivre ...

mercredi 28 mars 2018

Kits installés rentabilisés

Combien rapporte mon investissement de 807 € sur les deux voitures ?


3 évènements cette semaine (2 sur 3): 
La Dacia Sandero Stepway Tce 90 H4BT a 2 ans; 
Les 2 kits sont amortis par rapport au prix de revient du mélange antérieurement utilisé; 
Passage à l'heure d'été et à l'E85 inter-saison 


Voulez-vous en savoir plus ?
...

Ca y est, les deux kits commencent à être rentables par rapport à l'ancien mélange E85/SP. Il aura fallu 48500 km pour commencer à rentabiliser mon investissement :

  • 13300 km pour la Chevrolet qui carburait 48% E85 / 52% SP ;
  • 35100 km pour la Dacia qui carburait 74% E85 / 26% SP.

Et encore ! Je me tire une balle dans le pied en ayant calculé les dépenses en carburant en prix 2018. En prix équivalents 2017, j'aurais amorti mes deux kits un ou deux mois avant.

En prix 2017, l'amortissement du kit aurait été plus rapide (entre un et deux mois de moins) car les taxes ont augmentées au 1er janvier 2018 et pas mal de stations-service en ont profité pour augmenter leurs marges.
  • 20% de hausse du prix de l'E85 pour la Chevrolet Spark.
  • 3,5% de hausse du prix de l'E85 pour la Dacia Sandero Stepway 

A ce jour :


  • J'ai économisé 818 € (20%) avec les deux voitures par rapport à l'ancien mix SP/E85 ;
  • Le gain par rapport au gas-oil est toujours d'environ 33% ;
  • L'économie par rapport au SP est toujours d'environ de 51%.

Investissement :


  • Chevrolet : 407 € ;
  • Dacia : 400 € + voiture neuve une journée.

Analyse de la rentabilité :


  • Chevrolet S-TEC II 1.2 l 16s :
    • Depuis le montage du kit, la Chevrolet a un peu augmenté son kilométrage annuel, pour aider la Dacia à rester raisonnable;
    • Le kit monté début juillet 2017 n'est toujours pas amorti.il sera amorti en juin 2018, soit en presque 12 mois en prix 2018 de l'E85, mais en réalité environ 10 mois si on calcule avec un mix de prix 2017/2018;
    • Auparavant, le STEC-II carburait à 50% d'E85 et 50% de SP.
    • Seulement 17000 km pour rentabiliser (prix 2018) :
      • gains annuel 420 € ;
      • dont prix du carburant : 383 € ;
      • dont kilométrage supplémentaire : 37 €.

  • Dacia H4BT 0.9 l : 
    • La Dacia a beaucoup roulé (et en a profité) suite au montage du kit, c'était l'objectif. Dorénavant, je recherche des moyens de lui faire encaisser moins de kilomètres;
    • Kit monté fin Avril 2017, déjà amorti en Décembre 2017 en 8 mois par rapport au mélange 75% E85 et 25% SP (on peut rouler à 100% d'E85 en hiver et 85% en été);
    • Seulement 27000 km pour rentabiliser (prix 2018) :
      • gain annuel : 490 € ;
      • dont prix du carburant : 247 € ;
      • dont kilométrage supplémentaire : 243 €.

Encore plus de gains à venir grâce à l'écart de prix du carburant entre SP et E85 qui est resté constant mais qui a augmenté par rapport au gas-oil.

lundi 26 mars 2018

L'E85 inter-saison est arrivé pour le Tce 90

3 évènements cette semaine (1 sur 3): 

La Dacia Sandero Stepway Tce 90 H4BT a 2 ans; 
Les 2 kits sont amortis par rapport au prix de revient du mélange antérieurement utilisé; 
Passage à l'heure d'été et à l'E85 inter-saison 

C'est le printemps


On va entendre parler de nouveau de difficultés de démarrages pour les véhicules ne disposant pas d'aide au démarrage lors des épisodes neigeux ou de gels et lors des matins frais agrémentés de rosée.

Composition de l'E85 en fonction des dates administratives


J'ai senti une différence, par températures douces lors du premier démarrage de la journée avec la Chevrolet Spark / Beat 1.3 S-TEC II. Le moteur est hésitant lors du passage du portail de la cour suite à un 3/4 plein chez Total Access.
La Chevrolet Spark, alimenté avec les 100 litres d'E85 dans les jerrycans en réserve (carburant moitié hiver/intersaison) n'est pas encore complètement passée en E85 formulation printemps, mais son démarrage à froid par températures négatives semble confirmer le changement de composition de l'E85.
"Plop, plop, Plop" de nouveau audible à froid, parfois deux coup de démarreur, et le moteur broute un peu plus par températures négatives durant 500 mètres / 1 km.

Parlons du Tce 90 "monitoré" sur 1000 km



Dernier plein en E85 hiver pour le TCe 90
  • Dernier plein hiver, le 15/03/2018 : LTFT entre -5,5% et +3,9%, donc E70/E75 pour le Tce 90. 
  • Plein partiel le matin (station Leclerc gros débit) : entre +1,6% et 17,2%, toujours sur route, conduite cool moteur chaud. J'ai été gâté, cela correspond à 24 litres d'E80 (maxi autorisé en inter-saison) mélangé à 41 litres d'E85 hiver. 65 litres de carburant pas cher (0,489 € / litre) dans la Sandero Stepway, juste en dessous du maxi embarquable sans avoir de remontées d'odeur de carburant (67/70 litres maxi) 
  • Petit complément de plein à une station Leclerc ayant un petit débit (12 litres, premier clac 296 km, 1ier cluster tombé à 260 km) l'après midi pour ne pas avoir l'angoisse de voir les 5 litres de la réserve s'allumer et tomber en panne avant l'arrivée => LTFT diminue de quelques %, j'ai dû reprendre de l'E85 hiver et ça c'est mélangé, LTFT entre +3,9% et 14,6% (maxi sur autoroute). 
Mélange E85 hiver / E85 intersaison TCe 90

nb : Ajustement des temps d'injection maximum du H4BT = 90%. Les valeurs habituelles de LTFT ne sont pas applicable avec ce moteur. 17% de LTFT relevés sur le Tce équivalent à environ 5% avec un calculateur traditionnel.


Chose surprenante au premier abord 


j'ai très peu consommé sur des trajets pour lesquels j'ai souvent effectué des relevés de consommation.

  • 6,98 l/100 avec le plein en E85 hiver sur départementales (1% des km en ville 99% sur départementales) avec 5 ou 6 cold starts, dont 2 sous la neige. 
  • 7,43 l/100 avec le complément en E85 intersaison (10% d'autoroute sous la pluie et 90% de départementales) 

Les raisons probables :

  
  • Probablement à cause de l'absence de camions sur les routes (je suis obligé de les suivre en 4e vitesse tellement ils se traînent) alors que j'ai roulé en 5 à 75/105/115 km/h en moyenne sur départementale/voies express/autoroutes beaucoup plus cool sans dépasser les limitations de vitesse; 
  • Conditions météo : vent faible de 3/4 face. La remontée des températures favorise l'alcool moteur. Pour la température j'ai quand même un doute, sur 900 km moteur chaud tout le temps, le temps de chauffe est négligeable, l'explication serait à trouver du côté de l'augmentation du rendement et des température; 
  • Nature de l'E85 : en 50.000 km avec 2 kits sur mes 2 voitures, je constate que plus on augmente le taux d'alcool moteur, moins ça consomme par rapport à la théorie, à conditions météo équivalentes. 


dimanche 25 mars 2018

1934 : Historique de l'alcool moteur - La Terre de Bourgogne


Résumé de l'histoire de l'alcool moteur carburé
Un historique des raisons de légendes urbaines qui sont toujours largement diffusées de nos jours.

Histoire de l'E85 / Superéthanol du XIXe siècle à nos jours


La question de l'alcool moteur


La substitution de l'alcool, carburant national, à l'essence de pétrole, carburant étranger, est à l'ordre du jour depuis quarante ans.

Nous croyons utile de présenter un court historique de la question de l'alcool moteur afin de bien dégager les raisons qui en ont entravé l'emploi jusqu'à maintenant.

Historique de l'alcool moteur

Ses origines


A partir de 1895, la production grandissante des distilleries de betteraves et de farineux fit tomber le prix de vente de l'alcool pur à l'extrême limite du prix de revient. Cependant, à cette époque, l'alcool d'industrie se partageait avec l'alcool de fruits la fourniture de la consommation de bouche.

Afin de pallier une crise agricole menaçante, on pensa à déverser dans les moteurs et dans les lampes l'excédent d'alcool dont les gosiers populaires se refusaient à absorber la surproduction.

Dès 1907, une commission extraparlementaire, présidée par M. Ribot, se rangea à l'avis favorable de personnalités éminentes dont quelques-unes sont encore de ce monde, entre autres MM. Lévy, Guiselin et Barbet, qui devint, depuis, président de la Société des Ingénieurs civils de France.

Dix ans après, un congrès fut organisé par l'Automobile-Club de France avec les concours des Chambres des industries automobiles, du cycle et des sports. Il fut présidé par M. Fernand David.

Ce Congrès émit un vœu réclamant la construction de moteurs susceptibles d'employer à volonté l'essence ou l'alcool.

Un carburant à base d'alcool fut mis en vente.

Les vieux de l'auto se souviennent du mélange Leprêtre, composé de 50% d'alcool et de 50% de benzol épuré. A cette époque, l'opinion publique se montra favorable à ce carburant 100/100 national.




Il en résulta une montée subite du prix de l'alcool. La spéculation, probablement aidée parles importateurs, avait accompli ce miracle.

Naturellement Je mélange Leprêtre cessa d'être économique et l'essence, dont la consommation commençait à devenir importante, au lieu de rester un sous-produit de la fabrication du pétrole lampant, devint seule maîtresse du marché des carburants.

On avait bien penser à mélanger l'alcool à l'essence. Malheureusement l'alcool hydraté, même à 95% de pureté, tel qu'il sortait des colonnes de distillation n'était pas miscible à l'essence, sans la présence d'un tiers-solvant. Le problème ne fut résolu qu'après la guerre. Dès lors, l'alcool concentré à 99°5, c'est-à-dire pratiquement anhydre, put être mélangé à l'essence.

Ce carburant mixte présentait le double avantage de freiner nos importations d'essence et d'assurer à nos distilleries le débouché d'une partie de leur production.

On en profita pour réserver aux alcools de fruits la consommation de bouche.

Naissance du carburant national


Au nom de l'Egalité et de la Fraternité, l'alcool d'industrie décidément banni du Gotha de la "Bistrocratie" obtint une petite compensation ; la loi lui réserva les emplois industriels, et, pour lui trouver un client sérieux, le Parlement décida, par une loi promulguée le 28 février 1923, que les importateurs devraient, à l'avenir, acquérir une quantité d'alcool absolu égale à 1/10 de leurs importations d'essence; mais sans leur assurer l'écoulement Cependant, pour en faciliter l'emploi, on décida de créer un nouveau carburant mixte qu'on décora du titre faux de carburant national puisqu'il ne contenait que 50% d'alcool dénaturé à 99°5 de pureté pour 50% d'essence de pétrole.

Il eut fallu pour donner à cette union des raisons sérieuses de durée, ajouter au mélange alcool essence un tiers solvant national. Cet "unisseur" était tout trouvé et le sénateur Baron le proposa : c'était le Benzol. A cette idée de réquisitionner en temps de paix un troisième carburant, tous , les partisans du libéralisme s'émurent.

Au nom de la liberté chérie, les "benzoliers" gardèrent le loisir d'employer leur produit à leur guise et les pétroliers continuèrent à patauger dans leur mare d'alcool en maugréant à qui mieux mieux.

A ce moment on ne prévoyait pas encore la très rapide augmentation de la consommation. Le carburant national fut lancé dans le commerce sans le moindre enthousiasme.

Abrités derrière des boucliers d'argent les vaillants calomniateurs de l'alcool se glissèrent dans les rangs des usagers et leur distribuèrent des arguments à la fois vraisemblables et mensongers.

« Calomniez, calomniez, disait dom Basile, il en restera toujours quelque chose.» 

Les bons apôtres du pétrole se lamentaient et clamaient en chœur que le carburant national n'aurait jamais les faveurs du public.

Manifestations méridionales


Devant cette opposition systématique, les Méridionaux, essayèrent de réagir : il y allait de leurs intérêts. L'Automobile-Club du Midi organisa une grande manifestation à Toulouse. Des expériences du carburant national furent entreprises sur de longs parcours et, en octobre 1923, le professeur Sourrisseau présenta un rapport contresigné par des savants tels que Mailhe qui mourut professeur à la Sorbonne et le doyen Sabatier, membre de l'Institut et prix Nobel de chimie.

Les conclusions de ce rapport étaient formelles :

Avec le carburant national on peut obtenir les avantages suivants :
  1. à la température moyenne de la France, c'est-à-dire entre 5° et 25°, le démarrage est facile ;
  2. les reprises sont toujours meilleures qu'à l'essence ;
  3. le moteur a plus de souplesse et monte plus facilement les côtes avec le carburant national ;
  4. la quantité d'eau nécessaire pour le refroidissement est moindre qu'arec l'essence ;
  5. la consommation en litres, de carburant national est à peu près la même qu'avec l'essence sans surcompression du moteur qui ne présente jamais la moindre trace d'oxydation.


Décès du carburant national


Ces constatations datent de dix ~ans, et, durant cette décade, tous les efforts des usagers intelligents pour faire adopter le carburant national ont été combattus par la mauvaise volonté des fournisseurs et des distributeurs, à un tel point que le pauvre carburant national finit par présenter des symptômes très graves d'anémie commerciale. Pour ne pas le laisser mourir de sa belle mort, on le tua en lui substituant une nouvelle formule capable d'endiguer ia marée d'alcool qui menaçait d'inonder l'Office collecteur.

L'essence tourisme


Afin de n'effrayer personne on prêta au nouveau mélange « alcool essence », le vieux nom d' Essence Tourisme et le 23 mars 1933 un décret lui donnait l'existence légale. L'essence tourisme devait contenir une moindre quantité d'alcool ; 10 à 20% seulement au lieu de 50% comme feu le carburant national. Malgré cette notable concession à l'opinion dite publique, les gens de mauvaise volonté ne désarmèrent pas.

L'essence tourisme hérita de la mauvaise réputation du C. N.

On eut beau donner la plus large publicité aux expériences prouvant innocuité de l'alcool sur les métaux des moteurs, refaire un rallye autour de la France où le nouveau carburant fut largement employé sans le moindre inconvénient. Rien n'y fit!

C'est entendu, dirent les gens convaincus d'avance, nous croyons les savants, l'alcool, en lui-même, est inoffensif, le coupable doit être le dénaturant imposé par le fisc.

On juge de la valeur de cet argument quand on connaît la formule du dénaturant. La voilà :

« A cent litres d'alcool pur on ajoute : 1 litre de benzol, 0,3 de benzine "Régie", 6 grammes d'anthracène et 2 centilitres d'éther éthyle borique. »

Les dernières charges contre l'alcool moteur


Malgré les nombreuses expériences effectuées, les essais multiples exécutes sur route durant des années et contrôlés par les services de l'armée et les ingénieurs spécialisés dans la question des carburants, les ennemis de l'alcool carburant tentèrent un dernier assaut.

Comme il n'y a pas de fumée sans feu, j'ai tenu à rechercher les nouveaux prétextes invoqués contre l'essence alcoolisée

Pour y parvenir, je me suis adressé directement aux garagistes posssédant une clientèle instruite et intelligente, incapable de se plaindre la légère.

Ces garagistes m'ont signalé cinq inconvénients dignes d'être retenus :

  1. Le mélange alcool-essence pique le métal de certaines soupapes ;
  2. Le mélange abîme certains carburateurs ;
  3. L'alcool détériore les joints à base de caoutchouc ;
  4. En décapant les réservoirs, l'alcool libère des particules solides qui restent en suspension dans le carburant et sont capables de boucher les gicleurs des carburateurs ;
  5. Le mélange essence-alcool dissout le vernis des carrosseries.

Voilà ce qu'il faut en penser : 



En ce qui concerne le métal des soupapes, qui travaillent à chaud l'essence tourisme ne saurait être incriminée, puisque la majorité des soupapes neuves, de l'aveu même des garagistes, ne sont pas attaquée depuis l'emploi du nouveau dénaturant.


Le carburant alcoolisé abîme les carburateurs dont le métal est constitué par un alliage à notable proportion de zinc. Les carburateurs en bronze ne sont pas attaqués. La corrosion des alliages zingués est d'ailleurs extrêmement lente et il sérait facile d'y remédier

Quant au décapage des réservoirs, c'est-à-dire à leur nettoyage par l'alcool, tous les automobilistes interrogés m'ont déclaré que cet inconvénient pouvait être évité en filtrant le carburant pollué. Dès le second remplissage du réservoir devenu propre, l'essence alcoolisée reste claire.

L'alcool détériore les raccords en durit ! Mais l'essence corrode également le caoutchouc. Tout bien considéré, les pannes causées par ce minime inconvénient sont extrêmement rares et faciles à réparer si l'on la, dans la boîte à outils, un joint de rechange.

Une seule accusation est à retenir : la dissolution du vernis des capots.

C'est en effet le reproche à la fois le moins grave et le plus sérieux,
Avec un peu.de soin, on peut éviter de laisser tomber le carburant sur la peinture et, en tous cas, si quelques gouttes d'essence tourisme se sont échappées, un immédiat coup de chiffon préviendra le petit dégât.

' L'alcool tonifie l'essence

Tout le monde devrait savoir que 'l'essence n'est pas un fractionnement /homogène du pétrole. Elle contient, fen proportions souvent variables, /deux carbures d'hydrogène, voisins /dans leur propre série chimique, /mais ne présentant pas les mêmes ^propriétés : l'heptane et l'octane. /L'heptane provoque le cognement /des moteurs, l'octane au contraire /est très peu détonant. Il résulte de |cette différence qu'une essence contenant beaucoup d'octane peut supporter une forte compression des /pistons du moteur dont le rendement /se trouve ainsi augmenté. L'alcool joue le même rôle dans le mélange dénommé « carburant tourisme », il freine les propriétés détonantes de /l'beptane et perfectionne les quajlilés de l'octane.

5 Arguments économiques contre l'alcool

/ Les détracteurs de l'alcool carburant ne se sont pas uniquement {adressésaux usagers de l'automobile. Ils ont imaginé de soulever l'opinion /publique au nom de l'intérêt général.

// La première raison économique /invoquée semble à première vue irréfutable. L'alcool est un carburant [de qualité inférieure au point de vue /calorifique. Tandis que l'essence confient 7.500 calories au litre, l'alcool /n'en possède que 5.900, soit plus d'un cinquième en moins. 1 Vous avez remarqué qu'une lampe /à alcool, même à flamme libre, ne fume jamais et donne une lumière planche, il n'en est plus de même de la flamme d'une lampe à essence qui, sans appel d'air supplémentaire,

donne une lumière jaune et laisse un halo de suie sur une plaque métallique placée au-dessus.

La raison en est qu'il y.a calorie et calorie, comme il y a fagot et fagot. Il faut moins d'air pour brûler un litre d'alcool que pour oxyder un litre d'essence, soit par kilogramme 7 m3 4 pour l'alcool et 12 m3 3 pour l'essence. De sorte que, finalement, 1 m3 de mélange alcool et air donne à la même compression à peu près la même quantité de calories utilisables. En raison de sa très grande facilité de vaporisation, l'alcool se montre même un peu supérieur à l'essence.

Si l'on veut profiter au maximum des qualités antidétonantes de l'alcool, le moteur peut être surcomprimé sans danger de cognement, et, dans ces conditions nouvelles, le mélange alcool-essence devient plus économique que l'essence pure.

Deuxième argument contre l'alcool.

L'achat par l'Etat de l'alcool d'industrie grève notre budget national.

Jusqu'à présent il n'en a rien été et même le boni réalisé par l'Etat sur les prix des rétrocessions d'alcool faites aux différentes industries atteignait l'année dernière près d'un milliard de francs dont les 9/10 ont servi à aveugler quelques petites fissures du dernier budget.

11 est vrai que dans un avenir rapproché, la production d'alcool devenant de plus en plus importante, l'Etat pourrait se trouver en face d'un stock d'alcool dont le placement deviendrait impraticable en dehors de son emploi comme carburant.

Mais le remède est déjà préparé. Le contingentement de la production d'alcool et de sucre opposera une digue certaine et immédiate à ce débordement d'Ethanol.

Si ce contingentement se montrait insuffisant on devra se souvenir que le régime d'exception fait aux alcools d'industrie par le privilège accordé aux alcools de fruits doit avoir pour conséquence une solidarité étroite entre la viticulture et l'agriculture.

Cette solidarité des forces productrices de la Nation intéresse l'avenir de la prospérité française. Il ne faut pas oublier que, par incidence, l'introduction massive d'essence étrangère est bien plus dangereuse pour la richesse nationale que tous les accords

accords la consommation intérieure. Rappelons-nous que nos achats actuels de pétrole tendent à représenter le tiers du déficit de notre balance commerciale, et même beaucoup plus que ça, si au lieu de considérer le déficit global de cette balance nous envisagions le déficit spécial de nos échanges avec les pays fournisseurs de pétrole.

Les arguments accumulés contre l'emploi de l'alcool moteur vont à rencontre des intérêts du pays. Tous ont été imaginés par des gens dont les intérêts particulier; n'ont rien de commun avec l'intérêt général français.


F. LE MONNIER,

Ingénieur agricole,
Ancien secrétaire général 
de la Société d'Etude 
du carburant national.

Extrait de l'Action agricole.

samedi 24 mars 2018

1901 : Pourquoi l'alcool moteur ne va pas gagner face à la vapeur, le pétrole (gas-oil) et l'essence de pétrole

En pleine effervescence sur les capacités de l'alcool moteur pur ou carburé, un article prémonitoire sur la défaite de celui-ci pour des raisons économiques et sur le succès à venir des petits moteurs diesels.

Prix de revient de la force motrice par l'alcool

Les moteurs à alcool, tout récents, ont été discutés le 3 juillet dernier à la Société des Ingénieurs civils, où M. Périsse a fait, à leur sujet, une conférence (Bulletins des Ingénieurs civils, juillet 1901) qui donne les détails les plus complets sur l'étal actuel de la question.

J'écarte de mon programme les grands moteurs fixes de plus de 30 à 50 chevaux ici, l'alcool ne me parait jamais devoir concurrencer la vapeur et surtout le gaz pauvre, ce dernier parfois plus économique que certaines chutes d'eau.

C'est aux moteurs d'automobiles, locomobiles, petits moteurs agricoles que parait s'adresser l'alcool.

La tendance est de carburer l'alcool, parce qu'on a de la peine à employer l'alcool pur, qui corrode les moteurs actuels. Ce n'est pas un but enviable pour les partisans de l'alcool moteur que de faire brûler 50% de benzole, produit qui deviendra introuvable, et j'admets que, pour l'avenir, les constructeurs sauront employer le bronze, le nickel ou d'autres métaux, à l'abri des corrosions, permettant l'alcool pur sans carburation.

L'alcool contient de l'eau qui paraît, chose encore mystérieuse, augmenter le rendement en force motrice, car les expériences prouvent que le rendement est supérieur avec de l'alcool à 90" ou même 85° qu'avec de l'alcool pur ou à 95°.

Ces 10 à 15% de vapeur d'eau rendent l'explosion plus douce et allongent le diagramme, donc le rendement augmente. La,conséquence est qu'il faut construire des cylindres beaucoup plus allongés dans les moteurs à alcool que pour ceux à essence, où l'explosion est brusque et où le moteur carré paraît l'emporter, Ce moteur allongé paraît donc permettre des rendements supérieurs avec l'alcool, grâce à l'action encore mystérieuse de la vapeur d'eau sur le diagramme.

Une autre action de l'eau est d'empêcher les explosions intempestives avec un moteur échauffé

1re Question : Combien de grammes d'alcool pur par cheval-heure ?

Les chiffes connus sont presque tous relatifs à de l'alcool carburé, ce qui fausse le résultat. En effet, l'alcool à 90° ne peut donner plus de 5,000 calories au kilogramme, tandis que les carburants donnent de 10,000 à 11,000 calories.

Voici quelques chiffres extraits du travail de M. Périssé et relatifs à des moteurs fixes :


J'admets qu'il soit possible actuellement de produire industriellement le cheval-heure effectif avec 0,600 litre d'alcool dénaturé à 90° (densité = 0,832), soit 500 grammes.

2e Question : Prix de revient de l'alcool.

On a dit que l'alcool se syndiquera et que, comme en Allemagne, le syndicat vendra l'alcool de bouche plus cher pour pouvoir vendre l'alcool moteur en dessous du prix de revient par un mécanisme de primes. En fait, l'alcool moteur vaut, en Allemagne, 26 centimes le litre.

Je ne m'arrête pas à ces chiffres instables. On admet actuellement en France que, pour 1902, l'alcool moteur dénaturé et non carburé vaudra à son prix de revient 36 francs l'hectolitre et pourra être vendu au détail 45 à 50 centimes le litre. Ce qui pourra être réduit, c'est la prime au détaillant, et j'admets, en moyenne, l'alcool moteur à 40 CENTIMES LE LITRE.

3e Question : Prix de revient du cheval-heure effectif.

0 l. 600 litres à 0 îr. 40 = 0 fr. 24.

Ce chiffre ne s'applique, dans ma pensée, qu'à des moteurs fixes d'une certaine puissance, 15 à 25 chevaux, travaillant dans de bonnes conditions.

Il ne me paraît pas devoir s'appliquer aux moteurs d'automobiles.

COMPARAISON.

Les moteurs à vapeur consomment souvent moins de 1 kilog. de charbon par cheval-heure (prix variant de 20 fr. à 30 fr. la tonne), soit de 2 a 3 centimes le cheval-heure, au lieu de 24 centimes avec l'alcool.

Les moteurs fixes à pétrole, du type Diesel (à forte compression), sont vendus pour une consommation d'environ 250 grammes de pétrole par cheval-heure.
Que vaut le pétrole ? au détail environ 40 francs les cent kilogr., y compris l'emballage. Mais dans une comparaison scientifique, je ne tiendrai compte que de la valeur du pétrole, non compris le droit de douane (12 fr. 50 par cent kilogr.) qui dépend de la fantaisie du législateur. Vienne demain un courant de sympathie pour le pétrole moteur, et il sera dégrevé comme vient de l'être l'alcool dénaturé. Or, le pétrole en vrac (non emballé) et en entrepôt a valu ces dernières années, en gros, 18 fr. à 21 fr. les cent kilogr., prenons 54 fr. comme base, et nous aurions le cheval heure à 6 centimes. Ce chiffre devient 9 centimes, si nous tenons compte du droit de douane actuel.

Les moteurs à essence me paraissent devoir céder la place aux moteurs à pétrole, tant à cause du rendement qu'à cause du danger d'incendie l'essence étant éminemment inflammable à froid et de loin, tandis que le pétrole ne doit pas s'enflammer, même en été, au contact d'une allumette.
De plus, l'essence est un produit très cher, dont le prix augmentera encore.

Voici quelques consommations relevées :

  • Essai Delahaye, 1901 : Essences à 700°. 0 l. 486 par cheval-heure effectif ;
  • Essai Oelkers, ..........  : Essences à 700°. 0 l. 350  par cheval-heure effectif


L'essence contient 11,000 calories au kilogramme, l'alcool à 90° 5,000, ce qui explique pourquoi il ne faut que 0 l. 350 ou 0 l. 486 d'essence là où nous admettons 0 l. 600 d'alcool.
Or, d'après le Bulletin des Halles, l'essence 700° valait, à Paris, avant octroi, en gros :



De sorte qu'en prenant les extrêmes, les limites seraient par cheval heure :
  • 0 l. 350 ou 245 grammes à 35 francs = 8 cent. 6 ;
  • 0 l. 486 ou 340 grammes à 55 francs = 18 cent. 8.
Ces chiffres tiennent compte du droit de douane actuel, 10 francs par hectolitre.

Si on défalque la douane, les limites ci-dessus du cheval-heure seraient 5 centimes et 13 cent. 8.

Emploi des pétroles lourds.
Certains constructeurs commencent à livrer des moteurs pour pétroles de haute densité, ce qui me paraît la voie de l'avenir, parce que le danger d'incendie devient nul, les huiles de graissage ne s'enflammant guère qu'au rouge sombre. De plus, n'est-il pas logique de réserver a l'éclairage les carbures réellement éclairants, au lieu de les brûler dans un moteur, qui se suffit de produits inférieurs? Enfin, la douane n'est que de 9 francs par cent kilog. sur les pétroles lourds, et les nécessités de l'industrie (huiles de graissage) conduiront l'humeur changeante du législateur à dégrever plutôt qu'à augmenter.

Or, une grosse source de pertes et de diminution de rendement, avec l'essence et probablement avec l'alcool, c'est l'évaporation et le coulage par tous les joints. –En été, un fût d'essence s'évaporera spontanément assez vite sur le quai d'une gare. Aussi les essais sur automobiles ne sont-ils guère probants.

Les huiles lourdes sont à l'abri de ces graves inconvénients, et comme elles sont des résidus de fabrication, leur prix restera toujours plus bas que ceux des produits aussi recherchés que l'alcool, la gazoléine ou les pétroles raffinés pour éclairage.

Actuellement, en face d'un prix d'environ 40 fr. les cent kilog. de pétrole, 55 fr. les cent kilog. d'essence, il faut mettre pour les pétroles lourds (D =0 l. 865) 18 fr. 50 en entrepôt avant douane les cent kilog., ou 27 fr. 50 dédouanés.

Ces huiles sont claires et limpides, de la couleur de l'huile d'olive. Leur pouvoir calorifique est égal à celui du pétrole, et, en supposant la même consommation, elles donneraient un prix de revient (moteurs fixes, type Diesel, par exemple) de :
  • Avant douane, 5 centimes par cheval-heure effectif ;
  • Après douane, 7 centimes par cheval-heure effectif.

RÉCAPITULATION :




CHAMP D’AMÉLIORATION POUR L'ALCOOL.

Je doute que son prix tombe beaucoup au-dessous de 36 fr. l'hectolitre, en France, autrement que par des moyens artificiels instables,
Mais il n'est pas impossible que les constructeurs arrivent à réduire la consommation que j'ai admise de 0 l. 600 par cheval-heure effectif. L'explosion de l'alcool est encore mal connue, et son rendement dans le cylindre moteur peut réserver des surprises, du fait de la vapeur d'eau, qui permet les fortes compressions préalables, comme dans le moteur Diesel. Cependant, l'ingéniosité des constructeurs ne pourra jamais donner plus de 5,000 calories au kilogramme d'alcool à 90", tandis que les huiles minérales et essences en ont 11,000.

Les huiles lourdes à 865° me paraissent au contraire avoir plus d'emploi dans les moteurs de l'avenir.

L'ingénieur n'a pas à savoir s'il brûle de l'alcool national et s'il vaut mieux en faire brûler qu'en faire boire. Ces questions de sentiment et d'économie politique n'ont rien a voir avec la science pure, dont l'ingénieur doit résoudre les difficiles problèmes sans chercher à influencer la vérité.

Or, nous trouvons une différence énorme de prix de revient en faveur des pétroles et huiles minérales pour les moteurs fixes.

Il y a des cas, pourtant, où la question de prix de revient devient secondaire.

M. Périssé cite le cas des colonies où l'approvisionnement d'essence est parfois impossible, faute de vendeurs, tandis qu'on a toujours sous la main des matières sucrées fermentescibles.

Dans les Antilles, on brûle les mélasses, faute d'écoulement. Transformées en alcool, elles donneraient un produit à moins de 18 à 19 fr. l'hectolitre, cours actuel à Hambourg. Mais jamais le législateur ne laissera pénétrer cet alcool librement en Europe. Et même à ce prix très bas, cet alcool de mélasses est encore plus cher que les huiles minérales avant douane et offre les inconvénients de manipulation, de conservation, d'un produit volatil et incendiaire.

L'automobilisme se préoccupe fort peu du prix de revient. Ainsi, dans le concours Paris-Braisne, 137 kilomètres, alcool pur, on a consommé 5 litres au total pour un tricycle de Dion, le maximum de consommation ayant été de 41 litres pour une voiture Gobron de 1,350 kilog. en charge. (M. Périsse.)

Le chauffeur est bien plus préoccupé des facilités de manipulation et de réapprovisionnement que du prix de revient par cheval-heure.

Or, le moteur a alcool parait être beaucoup plus doux, son choc sur les bielles est moins violent, à cause de la présence de vapeur d'eau dans le cylindre; la détente est plus complète, le bruit de l'échapper ment moindre. Il peut y avoir là des avantages pour l'alcool, qui, d'autre part, exigera des réservoirs plus étanches que les huiles lourdes; il craindra la chaleur, l'évaporation, et sera toujours une grave cause d'incendie, surtout en cas d'accident plusieurs chauffeurs ont été brûlés vifs récemment par des combustibles trop inflammables.

CONCLUSIONS

A l'heure actuelle, l'alcool moteur est l'une des sources d'énergie les plus chères.

Il est susceptible d'applications restreintes dans des cas particuliers. il paraît susceptible d'améliorations importantes de la part des constructeurs de moteurs.

Il ne parait pas devoir être jamais plus économique que les huiles minérales, sauf mesures accidentelles comme primes, syndicats, douane, etc et encore faudrait-il que des mesures très énergiques créent une différence considérable avec les prix actuels.

Le progrès le plus important à rechercher serait le petit moteur pour huiles minérales claires à 0.865 environ de densité, ininflammables et sans danger.

jeudi 22 mars 2018

1933 : Ethanol et Gas-Oil

Un petit rappel historique sur les premières tentatives de mélanger éthanol et gas-oil, particulièrement à la mode en ce moment.

Je n'aime pas vraiment la version fossile et bio de ce carburant, mais je lui fait un petit clin d’œil quand on parle de lui incorporer de l’éthanol pour l'améliorer. J'apprécie cependant l'agrément de conduite de certains de ces moteurs, souvent supérieur à celui d'un moteur à allumage commandé.

Je souris narquoisement en lisant sur le net les articles innovants sur le mélange gas-oil / éthanol 






Court article de Pierre CLERGET (concepteur de moteur d'avions) dont les expériences semblent avoir été suivies durant quelques années.


Essais de plusieurs fluides dans les moteurs à injection



J'ai tenté depuis longtemps d'améliorer la combustion et d'augmenter la puissance des moteurs par l'emploi simultané, avec le combustible, soit de fluides qui semblent jouer le rôle de catalyseurs d'oxydation, soit de composés endothermiques.

J'ai expérimenté :
  • l'eau, seule ou contenant en solution des corps susceptibles de fournir de l'oxygène par leur décomposition ;
  • des alcools nitrés ;
  • des aldéhydes contenant de l'acétylène en solution.

J'ai constaté une action certaine sur les imbrûlés habituels des moteurs à huile lourde. Cette action s'est traduite par la disparition, parfois complète, de la fumée à l'échappement, par un fonctionnement sans chocs, par la diminution de la pression maximum et par une augmentation de puissance.

J'ai dû abandonner la poursuite de ces travaux en 1901 par suite de différentes circonstances, en particulier parce que je ne disposais pas d'aciers résistant à l'oxydation et en raison des dangers que présentait, avec certains fluides, l'imperfection de l'injection.
Les perfectionnements apportés depuis cette époque dans les appareils et le moteur, notamment les grandes vitesses de piston et l'emploi des métaux résistant à l'oxydation, permettent de reprendre ces essais.
J'ai pu réaliser, au Service des Recherches de l'Aéronautique, un moteur à grande vitesse dont le dispositif d'injection utilise l'injection multiple. Les jets de combustible et de fluide auxiliaire se rencontrent dans la culasse pour favoriser leur action réciproque. Le taux volumétrique de compression est de 15, assurant l'allumage automatique.

J'ai pu essayer comparativement l'injection de gas oil seul et l'injection simultanée de gas oil et d'éthanol à 900.

Le résultat est le suivant :



Le cylindre employé est à quatre temps, avec un alésage de 140 mm et une course de 170 mm, une cylindrée de 2'61. Dans ces conditions, il eût développé avec l'essence 50,96 ch, soit 19,6 ch/1.

  • Le premier essai, au gas-oil seul, correspond à la puissance normale d'utilisation d'un moteur à huile lourde : 38,6 ch, soit 14,8 ch/1. L'échappement comporte la fumée due à une combustion incomplète.
  • Le second essai a été réglé pour développer la même puissance, mais avec une injection d'éthanol suffisante pour assurer une combustion aussi complète que possible. L'échappement est à peine visible.
  • Le troisième essai a été réglé pour une consommation totale en poids de 230 grammes. Dans ces conditions, la puissance a été de 20,7 ch/1, supérieure à celle que l'on obtient habituellement avec l'essence. L'échappement est légèrement foncé.


Il résulte de ces essais qu'il est possible, en employant le gas-oil et l'éthanol, d'obtenir, à consommation égale par cheval, une puissance supérieure à celle développée avec l'essence.

Dans les conditions indiquées, le moteur à essence aurait un rendement thermique de 25,1%. La marche au gas-oil seule donne un rendement de 30%, mais une puissance plus faible.

Avec le gas-oil et l'éthanol, on obtient, si l'on marche à cette puissance relativement réduite, un rendement de 39,2% ; mais on peut marcher à une puissance égale à celle de l'essence en conservant un rendement thermique de 32,4%.

On peut espérer trouver un fluide fonctionnant comme catalyseur d'oxydation mais présentant une puissance calorique supérieure à celle de l'éthanol ou les propriétés d'un composé endothermique. L'emploi d'un tel fluide permettrait, avec le moteur à taux de compression élevé, de développer une puissance supérieure à celle que donne l'essence, et cela avec une consommation inférieure.



CLERGET

dimanche 18 mars 2018

Videos : Démarrage et roulage sous la neige du Tce 90 + kit

Neige pour le Tce 90 et son kit Eco-System V3


Dacia Sandero Stepway H4BT 1( minutes après sa promenade dominicale

Il a neigé une partie de la nuit et au petit matin, je décide de filmer comment se passe un démarrage à 0° Celsius, de rouler quelques kilomètres pour faire quelques courses.



Cold Start neige : Tce 90 avec kit E85 Eco-System V3

  • Démarrage instantané, comme au SP. Montée rapide de la température de liquide de refroidissement sous le contrôle de la sonde du kit jusque 15° Celcius ;
  • la consigne d'enrichissement de l'ECU d'origine, AFR (c) est très basse. les premières secondes : AFR 6,21 , donc très riche +57%. déjà au SP et monte très vite ;
  • la température de liquide de refroidissement prend environ 1° Celcius par seconde alors que la température d'huile moteur ne varie pas encore ;
  • le STFT n'est pas encore fonctionnel, la sonde lambda n'est pas encore chaude.


Neige ville 1 : Tce 90 avec kit E85 Eco-System V3


  • Les palmiers sont sous la neige ;
  • En 30 secondes, la sonde Lambda se met en marche ainsi que le STFT qui déjà tente de compenser l'action du kit ;
  • La température d'huile monte de la même façon que celle du liquide de refroidissement maintenant.


Neige ville 2 : Tce 90 avec kit E85 Eco-System V3

  • Au bout d'1 km de ville, on voit bien que tous les capteurs sont sous le contrôle de l'ECU ;
  • le STFT commence a varier dans sa page de valeurs.
  • L'ECU du Tce 90 euro 6, selon mes constations, travaille en ratio par rapport au maximum définit dans ses tables et non pas en valeur absolue.
    • le LTFT entre -90% et +90%
    • le STFT entre -75% et +75%

Semi - Cold Start neige : Tce 90 avec kit E85 Eco-System V3

  • le temps de prendre du pain : redémarrage. Torque et EML327 sont restés branchés ;
  • la consigne d'AFR de l'ECU passe à 7,13 alors que j'avais coupé le moteur à 9,75,  l'ECU semble avoir gardé le contrôle : consignes d'AFR et AFR réel quasi égale ;
  • En quelques secondes et une dizaine de mètres, l'AFR entre consigne et réel sont égaux et le STFT recommence à fonctionner ;
  • STFT non fonctionnel au démarrage mais en moins de 30 secondes, le STFT passe proche de -75% ;

Neige ville 3 : Tce 90 avec kit E85 Eco-System V3

  • Le moteur est presque chaud ;
  • le STFT essaie de compenser l'augmentation des temps d'injection imposées par le kit et l'augmentation voulue par le calculateur d'origine., il est souvent à son minimum ;
  • notez que lors des décélérations, l'injection se coupe et que l'AFR est alors très pauvre (12,05), c'est normal, coupure totale de carburant, donc très pauvre.

samedi 17 mars 2018

1901 : ratio de consommation Essence / Alcool / Gaz

Le mystère de l'Alcool moteur s'éclaircit




Bolide 39 hp - 1900



La situation de la question de l'alcool moteur peut à peu près se résumer comme suit :

Scientifiquement parlant il existe deux partis opposés, également de bonne foi du reste, qu'on pourrait appeler les anti-alcoolistes et les pan-alcoolistes.

Les premiers tiennent, en principe, le raisonnement suivant :

Le moteur à alcool n'est pas autre chose qu'un moteur à essence, son rendement thermique doit donc être sensiblement le même et par suite le rapport entré les consommations respectives d'essence et d'alcool, pour une même puissance, doit être, à peu de chose près, égal à celui des puissances calorifiques des combustibles considérés. Or l'essence dégage environ 11.000 calories au kilogramme, soit 7.700 au; litre, et l'alcool dénaturé à 90° environ, 5.100 calories à l'unité de poids et 4,200 à l'unité de volume considérés.

Un moteur à alcool doit donc consommer, en volume, environ 7.700 / 4.200 = 1.8 fois plus que d'essence, à puissance égale. Or le moteur à essence demande au moins 0 lit. 500 par cheval-heure effectif, en nombre rond, c'est donc 0 lit. 900 d'alcool dénaturé à 90° qu'il faudra pour obtenir le même résultat.

En résumé, comme l'alcool dénaturé coûte généralement un peu plus cher que l'essence, le prix de revient avec le premier combustible sera au moins double du second, c'est-à-dire que le moteur à alcool dénaturé n'est pas possible industriellement.

C'est la conclusion de MM. Ringelmann, Hospitalier, etc.

Halte-là ! répondent les pan-alcoolistes; Arachequesne, Pétréano, etc., votre raisonnement ne tient pas debout, car pratiquement un moteur à alcool, digne de ce nom, ne consomme pas, à puissance égale, 1,8 fois plus d'alcool que d'essence, ainsi que le montrent des résultats récents d'épreuves automobiles en particulier.

Les partis en présence en restent là, bien près de s'entendre du reste sur le terrain de l'alcool carburé.

La situation ne pouvant évidemment s'éterniser, nous avons pensé qu'il était temps de résoudre définitivement une question aussi controversée.

La moisson récente de documents concernant l'alcool moteur rend du reste possible une explication du mystère qui paraît l'entourer.

Reprenons le raisonnement, très logique en principe, des anti-alcoolistes, avec cette différence qu'au lieu de comparer le moteur à alcool à l'un des membres de la grande famille des moteurs à explosion, le moteur à essence, nous le mettrons en parallèle avec un autre, le moteur à gaz.

Nous disons alors :


Un moteur à essence n'est pas autre chose qu'un moteur à gaz, son rendement thermique doit donc être à peu près le même. Or, un moteur à gaz donne, à l'heure actuelle, aisément le cheval heure effectif avec 500 litres de gaz d'éclairage à 5.250 calories environ à pression constante, dans les conditions où nous nous trouvons (c'est le nombre adopté par M. Witz) ou bien 2.000 litres de gaz pauvre à 1.500 calories. Soit, dans un cas comme dans l'autre, 2.625 calories en nombre rond.

L'alcool dénaturé à 90° donnant 4.200 calories dans des conditions correspondantes, par litre il faudra ; 2 625 / 4.200 = 0,625 pour obtenir le cheval-heure effectif.

L'essence demandant environ 0 lit. 500 dans les mêmes conditions le rapport à puissance égale, entre les deux consommations est donc de 0,625 / 0,500 = 1,25 au heu de 1,8

Analysons ce résultat pour voir s'il est plausible.

La consommation admise de 0 lit. 500 d'essence par cheval-heure effectif est normale et couramment obtenue avec les moteurs d'automobiles.

Personnellement nous avons souvent relevé cette consommation sur des Bollée, et d'autres moteurs la donnent.
Voir à ce sujet les résultats suivants (au point de vue essence seulement ) publiés par l'Auto-Vélo, obtenus à l'atelier avec un moteur Delahaye indiquant même sensiblement moins que 0 lit. 500 par cheval-heure effectif.




La consommation de 0 lit. 625, n'a, elle non plus, rien d'extraordinaire puisqu'elle a déjà été réalisée pratiquement dans les célèbres expériences faites en Allemagne, l'année 1897 sur un moteur Koerting de six chevaux.

Ce résultat n'a jamais été constaté ailleurs depuis, nous le reconnaissons, mais il semble aussi digne de foi que les autres, et ce rendement remarquable s'explique très bien par l'adaptation de l'alcool à un excellent moteur à gaz fixe, en utilisant la chaleur d'échappement dans des proportions notables ce qui entraîne de grands avantages sur lesquels nous passerons pour cette fois.

D'ailleurs la maison Koerting n'était-elle pas la seule exposant et vendant un moteur à alcool en 1900 ?

Au reste dans des moteurs d'automobiles, moins favorisés que le moteur fixe en question, des consommations inférieures à 0 lit. 900 ont déjà été observées.

A noter en particulier (au point de vue alcool pur seulement) les résultats obtenus par la section rurale de la Société des Agriculteurs avec un moteur Brillié que nous reproduisons ci-dessous :




Et nous avons soin de ne pas nous servir de données d'épreuves automobiles qui ne peuvent guère servir qu'à titre indicatif, les conditions n'étant pas toujours absolument les mêmes, mais qui nous fourniraient des résultats favorables, surtout en ce qui concerne le rapport entre les consommations respectives alcool et essence.

D'ailleurs n'en retrouve-t-on pas trace dans les expériences de la Société des Agriculteurs ?

0,835 / 0,677 = 1,23

Mais comment expliquer pareille anomalie apparente entre les résultats si divers obtenus en comparant le moteur à alcool d'une part, avec le moteur à essence, d'autre part avec le moteur à gaz ?

L'explication toute simple est la suivante :

Le moteur à essence a dans les conditions actuelles de la pratique, un rendement thermique inférieur au moteur à gaz, ainsi qu'il est admis et cela pour des raisons logiques dont nous parlerons une autre fois.

Le moteur à alcool, pour des raisons très plausibles également, que nous développerons aussi une autre fois, peut au contraire avoir, non pas un rendement extraordinaire comme disent certains pan-alcoolistes, mais égal à celui du moteur a gaz.

En résumé si le moteur à essence peut théoriquement prétendre à une consommation bien inférieure à 0 lit. 500 et 1,8 fois moindre que celle du moteur à alcool (0 lit. 625), il ne semble pas devoir arriver toujours dans les conditions actuelles de la pratique si près de la limite théorique que le moteur à alcool, d'où avantage relatif de ce dernier.

Nous n'hésitons donc pas à conclure comme suit :

  1. Dans les conditions actuelles de la pratique le moteur à essence ne peut guère prétendre descendre normalement au-dessous d'une consommation de 0 lit. 500 par cheval-heure effectif alors que le moteur à alcool peut s'approcher sensiblement de 0 lit. 650.
  2. Le rapport pratique de la consommation respective de ces deux liquides peut être alors évalué à environ 1 lit. 33. C'est-à-dire qu'il faudrait environ un tiers en plus d'alcool que d'essence pour obtenir une même puissance.
  3. Avec un prix d'alcool dénaturé à 90° égal aux trois quarts de celui de l'essence le prix de revient de l'unité de puissance pourrait alors pratiquement être à peu près le même.
  4. Dans le cas ou entrant dans une voie nouvelle on parvenait à faire donner au moteur à essence un rendement égal à celui du moteur à gaz on pourrait prétendre à une consommation d'environ 0 litre 350 par cheval-heure effectif, le rapport consommation alcool-essence, étant alors 1,8.

GUSTAVE CHAUVEAU, Ingénieur E. C. P.