LA CRISE DE L'ESSENCE
Histoire de l'E85 / Superéthanol du XIXe siècle à nos jours
Pour une fois, pas d'alcool-moteur, un autre carburant dont on a perdu la trace et le secret de fabrication.
Une voilure, dans Paris, roule avec un nouveau carburant
Ni essence, ni gaz, ni alcool. — On grimpe les côtes. — Où l'on retrouve un roi de la piste. — Quelques détails techniques.
Nous avons dit à plusieurs reprises combien la recherche d'un carburant occupait actuellement d'ingénieurs et de chimistes. Voici un résultat. :
M. Genin, chimiste galvanoplaste, dont les essais remontent au 1" août 1910, semble avoir trouvé un produit excellent qui n'a rien du pétrole, rien du gaz d'éclairage, du benzol, de l'acétylène, ni de l'alcool.
M. GENIN L'inventeur du nouveau carburant |
Trop de déceptions déjà ont commencé aux essais pratiques pour que n'eussions pas voulut avant de' rendre publique cette découverte l'expérimenter nous-mêmes.
Un collaborateur de l'Auto a donc parcouru Paris dans une voiture à moteur « carburé » par le liquide de M. Genin, le... Genol.
Voici le récit de cette promenade-épreuve :
La. voiture n'a subi aucune préparation spéciale. Elle est amenée à l'essence au point de départ pour l'expérience. Un bidon contenant le précieux carburant est fixé sur l'un des côtés du pare-brise par une conduite de caoutchouc qui le relie au moteur.
Le carburateur est-vide, l'arrivée d'essence est coupée, le liquide nouveau arrive. Un quart de tour de manivelle et le moteur tourne. C'est bien.
A six personnes, nous prenons place dans le véhicule et en route pour une randonnée dans Paris. Partis des environs de la place de la République, nous étions, quelques, minutes après, à une porte de la capitale. Tout allait bien à bord ; je voulus .mieux encore et demandai l'escalade de. la. rue de Ménilmontant ; j'avais mes raisons.
Un demi-tour savamment exécuté par l'adroit Cussac qui nous pilotait (il ne saurait en être autrement d'un ancien champion motocycliste. maintenant professeur de conduite renommé) et nous volons plutôt que nous ne roulons vers les hauteurs de Ménilmontant.
C'est la que j'attendais le "Genol".
Eh bien ! j'avoue que mon scepticisme du début fit immédiatement place il un émerveillement complet. La rue de Ménilmontant fut montée à toute allure et sans la moindre défaillance.
Un court arrêt au coin de la rue de l'Ermitage, où notre photographe prit la voiture sur sa plaque, puis ce fut le retour au point de départ.
Nous avions roulé environ une heure et demie sans le moindre incident.
Et notez ce détail qui a son importance ; le gicleur .n'avait pas été réglé d'après la densité du nouveau carburant. Tel il était lorsque l'arrivée d'essence fut coupée, tel il resta.
Quant aux reprises, elles furent, aussi bonnes, aussi énergiques qu'avec l'essence.
Qu'est-ce donc ?
Je vais maintenant vous décrire ce qu'est ce précieux liquide, d'après les renseignements qu'a bien voulu me fournir. M. Marcel Martin, ingénieur, l'un des collaborateurs de M. Genin.
Ce nouveau carburant est obtenu par une distillation spéciale des huiles lourdes de houille, de telle sorte — et l'importance de ceci n'échappera à personne — que les sous-produits de cette matière restent disponibles pour la préparation des explosifs nitrés intéressant la défense nationale..
Il n'encrasse pas, paraît-il, les cylindres, rie dépose pas de carbone sur leurs parois. Les résidus de sa combustion ont la propriété de lubrifier les cylindres, ce qui permet de réduire notablement la consommation de l'huile.
Sa consommation serait deux fois moindre que celle de l'essence.
L'essai a été. fait avec un carburant non épuré, vu l'état encore primitif dans lequel sont les appareils qui ont servi à sa préparation pour cet essai. Ce qui revient il dire que lorsque .l'inventeur sera en possession d'appareils de laboratoire lui permettant d'obtenir des quantités épurées suffisantes pour être utilisées sur les voitures, les résultats seront encore très supérieurs.
M. GENIN ET SES COLLABORATEURS A droite : M. Martin ; à gauche : M. Menu ; au centre : M. Genin |
Son odeur rappelle celle du pavé de bois, elle est moins désagréable et surtout.plus saine que celle de l'échappement résultant de la carburation de l'essence.
La. fumée, insignifiante actuellement, disparaîtra avec le produit épuré, dont la densité est de 0,840.
Le brevet de cette découverte a. été déposé au Conservatoire des Arts et Métiers le .13 février 1918,
ON GRIMPE LA RUE DE MENILMONTANT |
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