mercredi 26 septembre 2018

1902 : Interviews au Concours de l'Alcool

INTERVIEWS



Un reportage exceptionnel lors du salon de 1902 plein de constations de bon sens tirées de l'expérience :

  • Les textes ont un parfum de nostalgie par ses formulations. On écrivait correctement et respectueusement ;
  • Les avis recueillis représentent l'ensemble de la profession automobile de l'époque ;
  • L'alcool moteur utilisé contenait entre 5 et 10% d'eau (par analogie, comme au Brésil 4 à 5% d'eau) ;
  • Le dénaturant encrassait les moteurs ;
  • Le benzol est aujourd'hui banni de nos carburants et est remplacé par du SP norme EN 228, même comme carburant de base de l'E85.



Place aux interviews,





La question de l'alcool est des plus importantes et des plus discutées. Le Concours de l'Alcool de 1902 a permis toutefois de se faire une opinion à son sujet.

Où en est cette question à l'heure actuelle ?

Voilà ce que vont nous dire en quelques mots les personnalités du moteur et de l'automobile à alcool dans les interviews qui suivent, et que nous avons classés par ordre alphabétique des signatures :


* * *


Boulogne-sur-Seine, le 2 juin 1902.

L'emploi de l'alcool pour l'alimentation des moteurs a la plus grande importance. Au point de vue mécanique, l'alcool présente, en effet, certains avantages sur l'essence, avantages qui, à eux seuls, pourraient en faire recommander l'emploi.

L'explosion moins brutale, la température de combustion inférieure, permettent, en effet, l'usage de compressions plus fortes, diminuent l'importance du refroidissement et les chocs, partant l'usure des pièces. Ces propriétés communes à l'alcool pur et à l'alcool carburé se conçoivent très bien. En effet, la propagation de la flamme dans un mélange à base d'alcool est plus lente que dans le cas de l'essence, en raison à la fois de la température dégagée moins élevée et de la production plus grande de vapeur d'eau, d'où une explosion moins puissante et de plus longue durée.

Mais, d'autre part, la détente, grâce surtout â la vapeur d'eau, s'en trouvera plus soutenue et c'est ce qui explique bien des phénomènes qui semblent en contradiction avec les théories généralement admises.

Les moteurs Gobron et Brillié, grâce à. leur distributeur mécanique, remplaçant le carburateur, permettent d'employer indifféremment l'alcool comme l'essence et par conséquent de bénéficier, sans aucune transformation de ses organes, des avantages que donne l'emploi de l'alcool.


BOUGLÉ,
Ingénieur.
Société des Automobiles Gobron-Brilliè.


* * *


 Paris, le 31 mai 1902.

Madame Lockert,

Vous me demandez de vouloir bien exprimer mon opinion au sujet de l'alcool moteur, opinion motivée au point de vue technique.

Les avantages de l'alcool ont été analysés d'une façon fort remarquable dans la note que notre ami Chauveau a bien voulu nous consacrer dans votre intéressante publication (Le Chauffeur, n° 101, 11 mars 1900).

Toutes les expériences que nous avons en l'occasion de faire depuis sur notre moteur, n'ont fait que confirmer les observations faites à cette époque, à savoir que :

A consommation égale, l'alcool carburé donne une puissance au moins égale à celle que donne l'essence, avec un marche plus douce et moins d'odeur.

Quant à l'inconvénient que certains lui attribuent d'encrasser ou de. corroder les soupapes, nous ne l'avons jamais constaté.

Dans Paris-Berlin, nous avons effectué le trajet entier à l'alcool carburé (électrine Leprêtre) sans avoir même visité les soupapes en cours de route; elles étaient intactes à l'arrivée.

Il en a été de même pour la voiture de la Société Nancéenne que nous avons eu l'avantage de piloter dans le Circuit du Nord (consommation).

Quant aux véhicules industriels présentés par cette Société, ils ont subi l'épreuve Beauvais-Paris après avoir effectué par la route le trajet Nancy-Beauvais (370 kilomètres), sans aucun nettoyage ni rodage des soupapes. Dans ces différentes épreuves, il était fait usage d'alcool carburé Leprêtre à 50%

Je cite là que des observations personnelles, convaincu que d'autres ont constaté des résultats analogues.

Veuillez agréer, etc.


E. BRILLIÉ,
Ingénieur E. C. P.


* * *


Nous trouvons que l'alcool carburé est parfait pour tous les moteurs, à condition toutefois d'avoir un carburateur permettant l'emploi rationnel de l'alcool carburé aussi bien, du reste, que de l'alcool pur.

Aux dernières expériences faites des moteurs utilisant bien l'alcool, il n'a pas été constaté de détériorations aux organes en contact direct avec les gaz, avant ou après la carburation; mais naturellement, comme pour toutes les choses nouvelles, il faut apprendre à s'en servir. Quelques-uns ont échoué; beaucoup d'autres, au contraire, ont réussi. Encore un peu de travail, et on arrivera à pouvoir employer l'alcool, comme-on emploie maintenant tous les pétroles. Que ceux qui sont susceptibles de nous fournir de l'alcool étudient le moyen de nous le donner à meilleur marché; que le gouvernement fasse le nécessaire pour diminuer les frais de dénaturation et tout ira bien.


BROUHOT,
Ingénieur E.C. P. de la Maison Brouhot et Cie.


* * *


Quel est donc votre secret, demandions-nous à MM. Chenard et Walcker,. pour obtenir des résultats si surprenants ?

— Notre secret ? Mais il consiste uniquement dans la bonne construction de notre machine dans toutes ses parties, et dans son extrême simplicité.

— Et que pensez-vous de l'alcool?

— L'alcool est appelé à remplacer l'essence, l'explosion en est moins brutale, et donné au moins autant de force que celle de l'essence; nous en sommes très contents, et nous n'avons qu'à féliciter M. Leprêtre, qui nous a gagnés à sa cause.

— N'avez-vous pas remarqué un encrassement de vos bougies et des soupapes ?

— Aucunement : après le concours nous avons tout vérifié; il n'y avait aucune trace d'encrassement, et nous n'avons rien touché en route.


CHENARD ET WALCKER.


* * *


Nous pensons que les meilleurs propagateurs de l'alcool seraient les fabricants d'automobiles. Mais il faudrait les forcer à s'occuper de la question. Et pour cela il y aurait, nous croyons, un moyen. N'a-t on pas interdit aux industriels de Paris d'employer des charbons dégageant de la fumée ? Or, ce genre de charbons est pourtant celui provenant des charbonnages français de Maries, Liévins, Bruny, etc., et on force nos industriels à employer des charbons belges sans fumée.

Il nous semble que l'on pourrait, à l'inverse, interdire d'employer à Paris, dans les automobiles, le pétrole, produit étranger qui fume et sent mauvais, pour les forcer à employer l'alcool, produit français qui ne fume pas et ne laisse pas le sillage d'odeur, caractéristique si reproché aux automobiles.


Bernard DESOUCHES,
De L’entrepôt d'Ivry.



* * *


Mon opinion sur l'alcool ? La voilà.;

J'estime que l'alcool est le meilleur accumulateur de la chaleur solaire ! Nicolas Flamel avait, dit-on, enfermé dans une bouteille un rayon de soleil ; nous avons l'air mieux depuis ; qui pourra jamais compter les rayons de soleil: reçus par les betteraves qui ont produit l'alcool brûlé par une lampe dans-une seule soirée ?

L'industrie des emplois de l'alcool marche à pas de géant ; hommage en soit rendu à M. Jean Dupuy, à M. Vassillière, à M. Dabat, un jeune, à toute cette pléiade d'hommes dévoués qui n'ont marchandé ni leur temps ni leur travail.

Et vive trois fois celui qui supprimera le méthylène, produit dangereux, qui ronge les métaux.

Une constatation :

Associé au benzol, l'alcool dépasse tous les autres combustibles : exemple Brouhot, qui détient le record du rendement en transformant en kilogrammètres 34.6% des calories contenues dans l'alcoho-stellane, et encore les becs Lecomte de A. Decamps et Cie, produisant toujours avec l'acoho-stellane la carcel-heure pour 70 calories, soit seulement deux fois plus que l'ampoule électrique, et, comme chacun le sait, l'ampoule électrique est ce qui chauffe le moins après le ver luisant.

L'alcool et le benzol permettent d'imiter tous les combustibles et même de produire des combustibles ayant des qualités que les combustibles naturels n'ont pas.

L'alcool carburé est la source des énergies futures.


A. LECOMTE.
Ingénieur de la Maison A. Decamps et Cie.


* * *


Mon impression sur l'exposition est qu'elle nous a démontré que, encore une fois, la province était plus initiée à la marche du progrès que Paris ; en effet, le visiteur parisien que nous avons eu en est encore, après toutes les démonstrations que nous avons faites et qu'il n'a. pas suivi, à se demander si l'alcool n'est pas dangereux, quand par contre le visiteur de province, qui a suivi dans son journal agricole la marche de ce progrès est venu nous demander : « Quelle est la dernière création ? » et notre surprise a été grande quand, lui montrant des appareils de création relativement récente, il nous a répondu : « Oui ! c'est tel système, je le connais ». Cela tient, je le répète, à ce que l'agriculteur goûte de préférence la lecture des articles scientifiques de son journal que la relation des crimes sensationnels ou les faits divers sur les chiens écrasés si chère au Parisien.


L. LEMMENS,
de l'Entrepôt d'Ivry.


* * *


L'alcool, " le pétrole français", ainsi qu'il est convenu aujourd'hui de l'appeler, est assurément appelée un grand avenir; mais la généralisation de son emploi ne se produira pas, je crois, au moins en ce qui concerne l'automobilisme, aussi rapidement que certains le pensent. Il y a à cela plusieurs raisons : d'abord jusqu'à présent, aucun constructeur d'automobiles n'a étudié ni construit de moteurs absolument spéciaux utilisant convenablement l'alcool pur. Tous ou presque emploient l'alcool carburé, produit de transition entre l'essence et l'alcool, produit plutôt mauvais à cause de son manque d'homogénéité.

Ensuite, l'alcool est encore beaucoup trop cher, si l'on considère que pour développer une même puissance un moteur consomme beaucoup plus d'alcool que d'essence. Enfin le dénaturant actuel donne des résidus acides qui corrodent et encrassent rapidement les soupapes, segments et bougies d'allumage.

Lorsque nous aurons l'alcool pur à 90 ou à 95° à 0 fr. 20 le litre, lorsque l'alcool sera véritablement meilleur marché que l'essence, nous verrons alors les constructeurs étudier les moteurs en vue de la bonne utilisation de cet agent dynamique et nous aurons de bons résultats; jusque-là toutes les tentatives faites ne donneront que des résultats incomplets.


Th. MAROT.
Ingénieur de la Maison Decauville.




* * *


Paris, 5 juin 1902.

Chère Madame,

Vous me demandez quels sont les avantages que présente l'emploi de l'alcool dans les moteurs. Votre question posée à brûle-pourpoint, et le temps me faisant défaut pour m'étendre sur cette si intéressante question, vous voudrez bien me permettre de vous donner grosso modo ce qu'une expérience de plusieurs années m'a appris.

L'emploi de l'alcool pur ou carburé présente de grands avantages à tous points de vue.

L'alcool pur dans les moteurs dont les culasses sont appropriées et la course longue, présente l'avantage de donner une force supérieure, le fonctionnement en est plus doux, ce qui provient d'une part de l'ignition relativement lente des ondes gazeuses, d'autre part, de la caléfaction de l'eau contenue dans tout alcool et produisant une détente très appréciable.

L'alcool carburé, d'un emploi plus généralement facile en ce sens qu'il fonctionné dans tous les moteurs, donne avec des carburateurs bien compris, un peu plus de force qu'avec l'essence, surtout si le liquide est bien homogène (ce qui, malheureusement, n'est pas toujours le cas). Je sais des liquides dont.le rendement est des plus inégaux, et leur action maximum très intermittente, alors que d'autres ont un rendement toujours égal et qui permettent de gravir les côtes en 3e et 4e vitesses, là où avec les autres il faut se batailler en seconde.

Je dois ajouter qu'avec le liquide bien préparé les encrassements et les oxydations n'existent nullement, surtout si l'on a à sa disposition un carburateur bien compris.

Enfin ! l'alcool est avant tout un produit national, d'un emploi facile et économique, que tout citoyen soucieux des intérêts de son pays, doit employer de préférence aux produits américains et cosaques si nauséabonds.

Agréez, chère Madame, l'expression de mes sentiments respectueux.


L. MARTHA.



* * *


Depuis dix-huit mois que nous employons exclusivement l'alcool, nous lui trouvons toutes les qualités, plus de souplesse, plus de puissance, moins d'odeur et nous n'avons jamais constaté les défauts d'oxydation, d'encrassement que ses détracteurs lui reprochent. Nous sommes donc à la Société Nancéenne partisans convaincus de l'emploi de l'alcool qui est déjà plus économique que l'essence et nous exprimons le vœu que tout le possible soit fait pour en faciliter l'emploi par la simplification des formalités de régie.et d'octroi qui subsistent encore et par la création de dépôts qui permettent aux touristes de se ravitailler.


Vte DE PONTON D'AMÉCOURT.
Administrateur-Délégué,
Société Nancéenne d'Automobiles.



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Chère Madame,

Vous me demandez mon impression au sujet du Concours de l'Alcool, si bien organisé par M. Jean Dupuy, ministre de l'Agriculture.

Je m'empresse de vous répondre que ce concours a abouti, chose rare, à des conclusions pratiques.

I. — En l'état actuel de la question, on peut considérer comme étant absolument au point le moteur ou générateur d'énergie.

Les constructeurs n'ont évidemment pas dit leur dernier mot comme mécaniciens, mais ils ne feront pas mieux qu'ils n'ont fait comme emploi du produit lui-même.

II. — Le produit, dit alcool dénaturé et carburé, n'est pas du tout au point; tantôt il est bon, tantôt il est mauvais.

Il faut d'abord retirer à l'alcool les 5 à 6% d'eau qu'on lui ajoute de par la décision qui fixe son titre à 90° ; il faut le dénaturer autrement car le méthylène sent affreusement mauvais ; il faut enfin un carburant plus stable, plus homogène que les benzols « famille beaucoup trop nombreuse pour être unie ».

CONCLUSION DES CONCLUSIONS : la parole est aux chimistes, elle n'est plus aux mécaniciens.


Max RICHARD.


* * *


Paris, le 3 juin 1902.

Chère Madame,

En réponse à votre question, je m'empresse de vous déclarer que je me félicite d'avoir été poussé, par l'organisation du Circuit du Nord, à étudier l'emploi de l'alcool pour mes voitures. J'y ai trouvé les avantages suivants :


  • Temps d'allumage et de mise en route réduits de moitié ;
  • Suppression des à-coups de fumée produits par l'emploi du pétrole lors d'une manœuvre maladroite de la manette d'alimentation ;
  • Régularité de production de chaleur ;
  • Suppression du nettoyage des brûleurs ;
  • et enfin mise en veilleuse très économique.

Reste la question de prix de revient kilométrique.

Je puis aujourd'hui affirmer qu'avec un peu de pratique, l'alcool ne coûte pas plus cher que le pétrole. Je ne fais pas entrer en ligne de compte les nombreuses sources d'économie d'entretien des appareils, qui résultent de l'emploi de l'alcool.

Voilà, très sincèrement, quel est mon avis.

Veuillez agréer, chère Madame, mes bien respectueuses salutations.


LÉON SERPOLLET.



* * *


Lorsque les premiers cris d'utilisation de l’alcool, comme fluide moteur dans les automobiles, surgirent, chacun des constructeurs actuels s'y intéressa plus ou moins. Loin de voir par là du parti pris chez les uns ou les autres, une condamnation aveugle d'un côté ou un engouement de pur hasard ou de réclame de l'autre, il ne faut y trouver que l'application immédiate moins ou plus heureuse de leurs cylindres à la détente de l'alcool. Mais tous, en somme, chercheront, soyons-en persuadés, à seconder les bonnes dispositions du ministère pour la mise au point d'appareils qui seront, ceux-là, véritablement des moteurs et carburateurs à alcool.

Il faudra travailler la détente, travailler le réchauffage, mettre, en somme, au point, pour un produit national, des organes que si bien l'on a mis à la portée plus brutale du pétrole raffiné venant de l'étranger.

Il faudra ainsi, plus que jamais, éviter les condensations et mieux, par suite, étudier la marche des gaz que, dans les conduites des 1/4 aux 70 chevaux l'on torture bien souvent.

Et l'on n'entendra plus les chauffeurs se plaindre de l'encrassement de l'alcool, de l'alcool qui rouille les sièges des soupapes, de l'alcool qui a tant de peine à se mettre en route; ah ! la manivelle ! non, l'on n'entendra plus tout cela et l'alcool dénaturé, pur, espérons-le, véritablement, aura pris place à son foyer français.


Raymond STERN,
Ingénieur E. C. P. de la Société des Moteurs Bardon.



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Si nous pouvons arriver à carburer l'alcool aussi bien que nous carburons l'essence, nous aurons résolu le problème de l'emploi de l'alcool moteur. Nos engins marcheront alors indifféremment avec l'un ou l'autre des combustibles et si le gouvernement dégrève les alcools, nous ne marcherons plus qu'avec eux.

Donc : tout est dans le carburateur.


Baron Frédéric DE TURCKHEIM,
de la Société de Diétrich. et Cie.



* * *


Paris, 30 mai 1902.

Chère Madame,

L'alcool pur ou carburé s'adapte merveilleusement à tous les moteurs à gaz.

Si cela n'était pas assez prouvé, l'expérience qui vient d'être faite dans le Concours du Ministère pourrait convaincre les plus sceptiques.

Si quelques voilures n'ont pu s'accommoder du mauvais temps, l'alcool, lui, en est sorti victorieux.

La seule chose qui lui manque c'est la pratique, il lui faut la patine du temps. Quand nous trouverons l'alcool chez tous les commerçants, comme nous y trouvons l'essence, tout le monde l'emploiera,

Malheureusement, il faut pour cela la vulgarisation du produit par son application à une multitude d'emplois : chauffage, éclairage, etc. ; et, cette partie du programme semble pour le moment être trop laissée de côté, chaque application demande son carburant spécial, de sorte qu'aucune d'elles ne se vulgarisera.

Si nous n'envisageons que le présent, nous ne pouvons que nous féliciter. Notre industrie, malgré sa puissance vitale, a besoin d'adeptes, il lui faut aussi l'appui de nos gouvernants. L'encouragement à l'agriculture par l'alcool nous amène les deux à la fois.

Bien à vous.

A. VARLET.
Ingénieur de la Société îles Automobiles Delahaye.




J'espère que cette tranche de vie de 1902 vous a plu.


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