dimanche 23 décembre 2018

1903 : Proposition d'interdiction de circulation dans les grandes villes des voitures ...

... sauf pour les véhicules carburant majoritairement à l'éthanol (alcool-moteur) ou à l'alcool carburé (mélange d'alcool hydraté et d'essence de pétrole)


Histoire de l'E85 / Superéthanol du XIXe siècle à nos jours


Au Congrès des études économiques pour les emplois industriels de l'alcool de 1903, une proposition oubliée a attiré mon attention car elle fait écho au clientélisme actuel des écologistes qui veulent interdire le diesel dans les grandes villes, alors que les nouveaux moteurs diesel en 2018 polluent moins que les moteurs essence et que rouler à l'E85 avec un moteur essence modifié pour fonctionner au Superethanol pollue moins qu'un diesel moderne et qu'un véhicule hybride.

Je généralise mais vous pouvez lire le Blog sur la pollution de @Ceyal, beaucoup plus précis et qui vous informera aussi sur l'impact induit par l'utilisation de véhicules électriques soit-disant beaucoup plus écologique, même si globalement c'est mieux. Informez-vous !

L'article date de 1903, pas de contrôles de pollution, cela viendra dans les années 1920, que de l'intuition. J'ai retrouvé une étude qui analysait les composants des gaz d'échappement dès 1928 comme de nos jours et les conclusions sont similaires pour les différents composants polluants. A suivre ...

Voici la partie des compte-rendus du Congrès institué par Arrêté ministériel.


SÉANCE DU SAMEDI 14 MARS 1903.

PRÉSIDENCE DE M. VIGER.


La séance est ouverte à 2 heures.

M. LE PRÉSIDENT donne lecture d'une lettre de M. Courtin, conseiller d'Etat, Directeur général des contributions indirectes, qui regrette que ses nombreuses occupations ne lui permettent pas de suivre les travaux du Congrès, et ajoute qu'il se tient au courant de toutes les questions étudiées et se propose d'examiner avec la plus grande attention les vœux émis par le Congrès.

.M. le Président est reconnaissant à M. Courtin d'avoir prié son collaborateur, M. Degeilh, d'assister aux séances. M. Degeilh, qui a suivi les travaux du Congrès avec une scrupuleuse attention, fera certainement tous ses efforts pour que, dans la mesure du possible, il soit donné satisfaction aux desiderata formulés pour développer les emplois industriels de l'alcool.

M. le Président appelle l'attention du Congrès sur le vœu suivant, présenté par M. Barbet, président de l'Association des chimistes de sucreries et distilleries, et relatif à l'emploi de l'alcool dans les véhicules automobiles :
  • Le Congrès, considérant qu'employé dans les automobiles l'alcool fournit autant de vitesse et de sécurité de marche que l'essence, ainsi que l'ont prouvé le circuit du Nord et la course Paris-Vienne ;
  • Que les gaz d'échappement n'ont qu'une odeur faible et presque agréable, tandis qu'avec l'essence l'odeur est abominable et empoisonne nos rues et nos plus belles promenades ;
  • Que ce fait suffit pour légitimer une prohibition de l'essence dans Paris et dans les grandes villes du moment que les automobilistes ont à leur disposition un liquide moteur qui n'a pas ces inconvénients pour le public ;
  • Attendu qu'il est prouvé qu'on peut, en surveillant la qualité des alcools moteurs, se mettre à l'abri de toute espèce d'érosion des organes mécaniques,
  • Exprime le vœu que la substitution de l'alcool à l'essence de pétrole soit rendue obligatoire à bref délai pour les automobiles circulant dans les villes importantes.

Après la lecture de ce vœu, M. le Président donne la parole à M. Barbet , pour la communication suivante :


Le respect de la liberté privée est tellement inné chez nous, qu'une opposition se manifeste a priori contre tout ce qui tend à diminuer tant soit peu l'exercice de cette liberté. Une appréhension de ce genre, je m'en rends bien compte, s'est manifestée chez vous à l'audition du vœu que je présente. Je prétends néanmoins que, dans les circonstances actuelles, la liberté privée des automobilistes doit être réglementée. Ces sortes de restrictions sont souvent nécessaires dans l'intérêt de la collectivité. N'a-t-on pas déjà touché à la liberté des automobilistes en les empêchant d'aller à une allure excessive ?

Eh bien ! je dis qu'avec le développement considérable des automobiles dans les villes il arrivera un moment (il est déjà presque arrivé) où Paris sera presque inhabitable. Quand on voudra aller dans nos belles promenades prendre l'air, on ne respirera plus qu'un air méphytique.

Au point de vue de la force, l'alcool ne le cède nullement au pétrole. M. le Président disait, dans son discours d'inauguration, que l'alcool, dans.le circuit du Nord, avait donné une vitesse moyenne de 78 kilomètres; dans la course Paris-Vienne, on a atteint 90 kilomètres. Ce sont des vitesses vertigineuses comme moyennes; Vous savez, qu'en effet, dans la course Paris-Vienne, ce sont les automobiles à alcool qui sont arrivés les premiers à Belfort.

La sécurité de marche est absolue. Beaucoup de nos collègues possèdent déjà des automobiles à alcool et n'ont rien à leur reprocher. Le seul petit inconvénient est le démarrage en hiver . L'échauffement du cylindre est plus difficile à obtenir qu'au pétrole; mais vous, savez qu'on tourne la difficulté en employant une petite quantité d'essence de pétrole et en démarrant à l'essence. On marche ainsi pendant 500 mètres pour que tous les organes soient suffisamment échauffés et puissent continuer avec l'alcool.

Pour la question de l'odeur, vous êtes déjà tous édifiés. Il est certain qu'avec un peu de précaution on peut se mettre à l'abri de la vitesse des automobiles et se garer des accidents; on n'a qu'à rester sur les trottoirs et faire un peu plus attention qu'autrefois. Mais personne ne peut se mettre à l'abri des mauvaises odeurs dégagées par ces véhicules. Il vous est peut-être arrivé quelquefois, dans un encombrement de voitures, d'être obligé de stationner derrière un automobile qui semble faire exprès, à ce moment-là, de redoubler son rythme bruyant et de vous envoyer à la figure la plus grande quantité de pestilence qui soit possible : c'est positivement un abus de la liberté privée.

Dans les appartements mêmes, lorsqu'ils ne sont pas situés très haut, il est certain que l'on sent très bien, si les fenêtres sont ouvertes, le passage des automobiles. Dans la campagne, c'est peut-être un peu mois désagréable, parce que l'on est en plein air et que, par conséquent, l'odeur est plus vite diffusée. Il y a cependant des quantités de villes de province, les villes d'eau en particulier, où je sais qu'on ne peut plus louer facilement certains immeubles parce qu'ils sont sur le trajet de prédilection des automobiles.

La prohibition que je demande est-elle légitime ? Certainement. Il y a beaucoup de précédents à ce sujet, et le point sur lequel je vais insister, c'est qu'on n'a pas le droit d'incommoder autrui. Il y a déjà des règlements prohibitifs contre les voisinages bruyants, comme l'industrie de la tôle ; il y a des règlements contre les industries insalubres ou qui dégagent de mauvaises odeurs, comme les sucreries, les distilleries ; il y en a contre la fumée des cheminées. Je sais bien que les règlements qui ont été édictés à Paris contre la fumée des cheminées ne sont pas très observés. Cela tient peut être à ce que les engins fumivores appliqués aux générateurs n'ont pas encore atteint toute leur perfection; on ne peut pas exiger des industriels une fumivorité complète du moment qu'on ne peut leur indiquer des foyers complètement à l'abri de ces inconvénients. La ville de New-York a pris une résolution plus radicale : elle interdit, dans l'intérieur de la ville, de brûler autre chose industriellement que du coke, de façon à ne pas faire ressembler la ville de New-York à la ville de Londres.

Vous voyez donc que dans toutes les branches de l'activité humaine on est obligé de restreindre la liberté de chacun au profit de la collectivité.

Si nous ne connaissions pas le remède, on appréhenderait de mettre une entrave à ce sport nouveau, si entraînant, de l'automobilisme. Mais le remède existe ! Non seulement les gaz de l'alcool brûlé ne sont pas nocifs, mais ils sont même microbicides. Vous savez tous, par les expériences de M. Sorel, que, dans le dégagement des gaz brûlés, il y a toujours quelques aldéhydes éthyliques ou formiques. Nous pouvons dire, par conséquent, que la substitution de l'alcool au pétrole aurait un premier résultat : celui de désinfecter la ville de Paris et peut-être de nous débarrasser de quelques maladies microbiennes. L'acuité du mal est devenue très grande et il faut l'enrayer.

Vous connaissez tous l'ouvrage de Louis Veuillot : Les odeurs de Paris. Quand l'auteur a stigmatisé ainsi les odeurs de la capitale, on disait qu'il exagérait S'il revenait, il verrait que la vérité actuelle est bien pire encore.

On peut faire, il est vrai, trois objections (car il faut bien examiner les objections) au vœu que je présente :
  1. L'alcool revient plus cher que l'essence;
  2. On n'a pas encore organisé de dépôts d'alcool dans les départements;
  3. On accuse l'alcool de produire parfois des érosions dans les organes mécaniques.
Ce n'est pas à moi de résoudre la première objection. Elle va être examinée dans une prochaine séance.

Du reste il n'y a pas beaucoup de différence entre les prix de revient, à la consommation. Il ne faut pas oublier que l'automobilisme, dans la moitié des cas au moins, est un sport un peu somptuaire.

Si l'on fait le bilan de ce que dépense un Parisien qui possède un automobile, vous pouvez être assurés que les frais de consommation du liquide moteur ne dépassent pas 10 à 12 p. 100 de la totalité des frais occasionnés par ce véhicule. Par conséquent, quand même le prix de l'alcool augmenterait les frais de consommation, même dans la proportion de 50 p. 100, cela ne ferait guère dans la masse que 3 ou 4 p. 100, Ce n'est véritablement pas acheter bien cher le plaisir de ne plus sentir le pétrole mal brûlé.

Quant à la question des dépôts d'alcool, elle se résoudra d'elle-même lorsque l'on aura édicté l'emploi obligatoire de l'alcool; vous verrez les dépôts se créer d'eux-mêmes. Le besoin engendrera immédiatement la solution.

Passons maintenant aux craintes d'érosion.

Au Congrès de décembre 1902, vous avez vu les travaux de M. Sorel sur les analyses des gaz qui se dégagent des cylindres des moteurs à alcool. Ces travaux ont été très remarquables et très complets. Je me rappellerai toujours qu'à la dernière séance du, Congrès M. Loreau, qui a une parole si persuasive en même temps que si éloquente, nous a charmés par le résumé, par la causerie entraînante, qui a pour ainsi dire clôturé le Congrès de l'alcool. Ce fut une apologie enthousiaste de ce nouveau combustible.

M. Loreau, ayant en main les tableaux de M. Sorel, examinait la colonne dans laquelle étaient mentionnés les cas d'érosion. Il n'y en avait pour ainsi dire qu'un ou deux et il semblait qu'ils fussent dus exclusivement à des défauts spéciaux des carburateurs. Je me rappelle encore que pour ces essais successifs il énumérait : un tel... pas d'érosion... un tel. .. pas d'érosion... état parfait... etc.

Toute la colonne était satisfaisante au point de vue de la conservation , des organes et tous ceux d'entre vous qui ont assisté à cette conférence se rappellent avec plaisir cette sorte de litanie réconfortante, parce qu'elle était en harmonie avec le désir de tous les congressistes.

Donc on peut vraiment dire que l'obligation d'employer de l'alcool ne déterminera pas des érosions dans le moteur. De plus, dans le même travail récapitulatif, M. Loreau établissait la supériorité dynamique de l'alcool sur le pétrole. Il nous a même dit, et je l'ai bien noté dans ma mémoire, que c'en était arrivé au point que l'essence de pétrole s'efforçait de faire maintenant la contrefaçon de l'alcool. Il nous a expliqué que l'alcool devant sa supériorité à ce qu'il était hydraté, un inventeur avait imaginé de faire dans le carburateur une petite injection d'eau. De cette maniéré la composition de la vapeur tonnante devenait semblable à celle de l'alcool et donnait comme lui une certaine détente.

En somme l'essence de pétrole reconnaît si bien la supériorité de l'alcool qu'elle cherche à le contrefaire.

Nous sommes donc autorisés à dire que, si nous imposons aux automobilistes l'emploi de l'alcool moteur au lieu du pétrole, l'obligation que nous leur imposerons leur sera à la fois douce et bienfaisante.

Il n'y a aucun scrupule à avoir, et je peux affirmer que voici-une réforme qui a l'avantage assez exceptionnel d'être favorable aux automobilistes à qui on l'imposera en même temps qu'aux simples citadins dont elle ménagera l'hygiène et l'odorat. Elle sera bienfaisante enfin et surtout pour notre agriculture et notre industrie nationale de distillerie,


M, le baron DE Putliz exprime le souhait que la motion de M. Barbet soit approuvée. En Allemagne, on avait eu l'intention de proposer une mesure analogue. Cette tentative avait échoué, parce qu'en France, où l'automobilisme est plus développé, on n'avait pas encore fait ressortir les avantages de l'emploi de l'alcool. Comme l'exemple de la France est volontiers suivi en Allemagne pour tout ce qui touche à l'automobilisme, l'adoption du vœu de M. Barbet par le Congrès serait une arme pour ceux qui veulent dans ce pays substituer l'alcool au pétrole.

M. Saint-Chaffray n'est pas d'accord avec M. Barbet sur la cause qui produit l'odeur désagréable que dégagent les véhicules automobiles alimentés par l'essence. Il expose que l'huile nécessaire au fonctionnement du moteur est souvent rejetée dans le tuyau d'échappement et amène une odeur désagréable avec l'essence comme avec l'alcool. Il convient de tenir compte également de l'odeur produite par la combustion incomplète des gaz.

M. Saint-Chaffray constate qu'il a déjà été réalisé d'importants perfectionnements dans la construction pour obvier à ces inconvénients et qu'on peut se demander si, dans les carburateurs actuels, l'alcool, au point de vue de l'odeur, se comporte mieux que l'essence.

L'orateur estime que les concours du Ministère de l'agriculture et tous ceux du même genre n'ont pas résolu la question du départ des moteurs par temps froids et que bien souvent le moteur à alcool pur doit être ou réchauffé ou mis en route à l'aide d'essence. Pour rendre le démarrage plus rapide, on a dû mélanger l'alcool, qui ne possède pas des propriétés déflagrantes suffisantes, à un carburant dont l'odeur à l'échappement est d'autant plus forte que le carburant est plus effectif. Il en résulte que le carburant, moins raffiné que l'essence lavée, est mal assimilé par l'alcool et produit une odeur désagréable.

Dans ces conditions, M. Saint-Chaffray est d'avis qu'il est prématuré d'émettre un vœu aussi impératif que celui proposé par M. Barbet, alors que les moyens mécaniques auxquels il se rapporte n'en permettent pas l'application.

Il convient, en outre, d'envisager le prix de vente de l'alcool, dont la hausse devient inquiétante, car le facteur dépensé en combustible est important, ainsi qu'on peut s'en rendre compte en examinant les dépenses afférentes à un véhicule automobile de 8 chevaux :
  • Pneumatiques : 400,00 F
  • Réparations mécaniques : 200,00 F
  • Liquide combustible : 1.642,50 F

Ce dernier prix a été établi à raison de o fr. 45 le litre de liquide pour un véhicule en service tous les jours, à raison de 10 litres par jour.

Le Congrès ne doit pas, dans les conditions économiques actuelles, imposer l'emploi de l'alcool à un prix quelconque; il doit, avant tout, chercher à en réduire la valeur. M. Saint-Chaffray demande, en conséquence, qu'il ne soit pas créé un monopole de consommation de l'alcool qui serait nuisible à la prospérité de l'industrie automobile.

M. Arachequesne fait remarquer que M. Duboys, directeur du service des voitures des postes, a voulu employer des automobiles pour ce service et qu'il a usé de moteurs à essence. Or, quand on mettait ces automobiles en route, à l'Hôtel des Postes, elles répandaient une odeur telle que les chevaux des autres voitures étaient incommodés. On employa alors l'alcool et, dès ce jour, les chevaux ne ressentirent plus aucun malaise.

M. Barbier confirme l'opinion de M. Barbet, relativement à l'odeur dégagée par les moteurs utilisant l'essence, mais il ajoute, par contre, qu'il est presque impossible actuellement de procéder au ravitaillement des véhicules à alcool.

Quant aux difficultés du démarrage, elles se rencontrent avec l'essence comme avec l'alcool, et en ce qui concerne l'allumage, il serait possible d'obtenir pour l'alcool un mélange dont le degré d'inflammabilité serait le même que pour l'essence.

On a émis cette opinion que, si on imposait l'usage de l'alcool dans les moteurs, cela nuirait à l'industrie de l'automobile. L'orateur n'est pas de cet avis; il estime que la plupart des constructeurs, n'ayant pas suffisamment étudié les moteurs à alcool, s'en tiennent, sans vouloir regarder ailleurs, au moteur à essence qui a fait le succès de leur fabrication.

M. Barbier ajoute une dernière remarque en faveur de l'alcool. Les sources d'essence ne sont pas inépuisables, et l'on a vu qu'au furet à mesure que le nombre des véhicules s'accroissait, le prix de l'essence augmentait; si donc cette industrie se développe davantage, il conviendra de rechercher dans l'alcool le moyen de combler le déficit de l'essence de pétrole.

M. Famechon, secrétaire du Congrès, demande que le Congrès, dans l'effort tenté pour la généralisation de l'alcool industriel, n'entrave pas l'industrie si prospère de l'automobilisme. Il s'associe aux paroles prononcées par M. Barbier, en ce qui concerne la mise en marche des moteurs à alcool.

M. Famechon a toujours constaté, dans les concours de véhicules à alcool et par son expérience personnelle, qu'il était absolument inutile de se servir d'essence pour mettre en mouvement un moteur à alcool.

M. LE PRÉSIDENT résume ensuite la discussion :


M. Barbet juge nécessaire de réduire dans la plus grande mesure l'emploi de l'essence, en invoquant l'intérêt de l'hygiène publique et également l'intérêt agricole. Les professionnels répondent qu'actuellement le prix de l'alcool carburé est tel que des mesures tout à fait restrictives risqueraient de restreindre l'essor d'une industrie qui a droit à toutes les sympathies, puisqu'elle est une industrie des plus françaises.

D'un autre côté, on fait observer que l'alcool carburé — et ceci résulte de toutes les constatations qui ont été faites — donne les mêmes résultats, ait point de vue de la force motrice, que l'essence ; et que même, dans certains circuits, le record a été plus favorablement obtenu à l'aide de l'alcool carburé. Il serait donc très à souhaiter qu'on n'employât plus que l'alcool carburé. Et s'il y avait un certain équilibre de prix entre les deux substances, M. Viger serait le premier à proposer de voter hic et nunc, d'une façon absolue , le voeu restrictif de M. Barbet. Mais il n'en est pas ainsi.

M. Viger est un partisan convaincu de l'automobilisme. Il rappelle que dernièrement il a été tenu, sous les auspices de l'Automobile-Club de France, un congrès dans lequel la question de la généralisation de l'alcool avait une place prépondérante; il ne faut donc pas que la manifestation actuelle semble préconiser des mesures dont le résultat pourrait porter atteinte au développement de l'industrie de l'automobile.

M. Viger a, dans plusieurs circonstances, demandé que l'on organisât des transports par véhicules automobiles qui, à son avis, diminueraient les frais de construction de certains chemins de fer départementaux. II reconnaît que l'odeur dégagée par les automobiles utilisant l'essence de pétrole laisse une trace plus pénétrante et plus désagréable que l'alcool carburé et qu'il convient de tenter par tous les moyens possibles, concours, prix, etc., de généraliser la locomotion automobile à alcool. Mais il estime que la mission du Congrès peut être considérée comme un apostolat et qu'il ne faut pas chercher par des mesures coercitives à nuire à une des industries les plus prospères.

M. E. Barbet , d'après les observations de M. le Président, modifie son vœu ainsi qu'il suit :
  • Considérant qu'employé dans les automobiles l'alcool fournit autant de vitesse et de sécurité de marche que l'essence, ainsi que l'ont prouvé le Circuit du Nord et la course Paris-Vienne ;
  • Que les gaz d'échappement n'ont qu'une odeur faible, tandis qu'avec l'essence l'odeur est désagréable;
  • Le Congrès demande que l'emploi de l'alcool carburé soit autant que possible encouragé dans Paris et dans les grandes villes, du moment que les automobilistes ont à leur disposition, à un prix à peu près égal, un liquide moteur qui n'a pas ces inconvénients pour le public.

Le Congrès exprime ensuite le vœu que l'emploi de l'alcool carburé soit encouragé dans les automobiles circulant dans les villes, et que le vœu de M. Barbet soit renvoyé à l'examen de la Commission permanente chargée de poursuivre la réalisation des desiderata formulés par le Congrès.


Référence : Congrès des études économiques pour les emplois industriels de l'alcool - Page 121

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