mardi 25 avril 2017

1932 : Superethanol carburant commercialisé en France

D'Azur à TOTAL, une histoire d'éthanol perturbée par les majors américaines.


Histoire de l'E85 / Superéthanol du XIXe siècle à nos jours




Un peu d'histoire et un peu moins de Doliprane.


Dès 1826,  l'alcool a été utilisé pour alimenter le premier prototype de moteur à combustion interne.

Ford T, la première FlexiFuel


La Ford T pouvait utiliser au choix
  • de l'essence issue de l’extraction  d'hydrocarbures fossiles
  • de l'E100, comme au Brésil actuellement, produit par les fermiers avec juste un réglage manuel du carburateur à faire  en fonction du carburant.

Au début du XXème siècle, l'éthanol était le principal carburant pour les voitures contrairement à ce que l'on pense généralement.

Henry Ford était un grand défenseur de ce qu'il appelait le carburant du futur "Il y a assez d'alcool dans le rendement d'une année d'un acre de pommes de terre pour conduire les machines nécessaires pour cultiver les champs pendant 100 ans."

Depuis le temps, les vielles Ford T fonctionnent toujours. Pas d'histoire de joints en liège, de réservoir en aluminium ou en acier et de durites en caoutchouc  qui ne résistent pas à l'éthanol depuis 120 ans. A l'époque, on ne parlait pas de carburant "sec" et de soucis de lubrification.

Le pétrole a gagné grâce a des allègements fiscaux au début de sa commercialisation, puis grâce au volume produit par les mises en production de plus en plus de forages.

Le prix du pétrole a diminué  et l'éthanol ne pouvait pas être breveté pour augmenter l'indice d'octane. L'industrie automobile a suivi, bien que Delco, inventeur du démarreur électrique, avant son rachat par GM, soit un partisan de l'éthanol car il diminuait le cliquetis.

En 1921 GM a déposé un brevet pour l'utilisation du  tétra-éthyle de plomb pour réduire le cliquetis. GM a gagné des dollars sur chaque litre de carburant vendu durant la période d'utilisation du brevet jusqu'à l'interdiction de son utilisation.
36 millions de dollars en 1923, puis des milliards de dollars ensuite même si on savait dès 1923 que ce produit était très toxique.
Peine perdue  après quelques procès bien que la seconde guerre mondiale ait permis à l'éthanol de survivre, l'industrie de l'éthanol était essentiellement morte même si des études, dès 1943, mettaient en cause l'utilisation du plomb dans le carburant.

GM s'est débarrassé de sa licence en 1947, voyant le vent tourner.
La fin du carburant plombé ne date que de 1986 ...





Globalement, depuis le 19 siècle, TOUS les distributeurs et TOUS les constructeurs n'ont que faire d'un mélange d'alcool d'origine végétal et d'essence fossile comme carburant dans leurs moteurs.

Par exemple en 1933, aux USA, on vendait de l'E10.


Le cas de la France



En France, en 1861, Henri et Charles créent la Société Desmarais Frères d'abord spécialisée dans la fabrication d'huile comestibles (à base de colza et d'arachides), de savonnerie (Notre-Dame-de-l'Océan) et d'huile pour éclairage (Oriflamme), avec Georges Lesieur comme cogérant jusque 1908 qui fonde sa propre société "Les huiles Lesieur" suite à des désaccords avec les frères Desmarais. L’histoire de France tient a peu de choses ...


En 1885, avec l’arrivée des premières automobiles, Desmarais frères lancent leur première essence, l’automobiline, puis en 1932, le Super Carburant AZUR, mélange ternaire d'essence, d'alcool et de benzol.
E33 avec notre vocabulaire actuel car le carburant était composé d'un tiers de chaque sous-produit. Le marketing aidant, le Super prend de plus en plus d’importance, et, dès 1934, une station sur trois en propose. Azur s’impose tellement bien qu’il devient petit à petit le supercarburant le plus vendu en France.


Pas de plomb dans le Super à l'époque, mais une belle saloperie en complément, le benzol, sous-produit de la distillation par pyrolyse de la houille en coke et en gaz de houille.


Le supercarburant a été créé à la fin des années vingt, d'abord par Esso (Standard Oil), puis par Desmarais Frères sous le nom Déesse (couleur bleu).

L’essence dite supercarburant était binaire ou ternaire et supprimait le cognage des moteurs à grande compression et permettait de hauts rendements sans cet autoallumage néfaste.

L'appellation s'impose comme une référence surtout chez Desmarais qui a finalement rebaptisé Déesse en catastrophe en Azur et a tiré les leçons du carburant national.

Azur utilise de l'alcool associé en complément à du benzol et à de l'essence (dans une proportion d'1/3 de chacun des composants). Ce qui permet quasiment de faire rouler toutes les autos du parc sans réglages compliqués.

La maison Desmarais va entrer dans l'histoire en devenant l'un des fondateurs (et actionnaires) de la fameuse Compagnie française des pétroles en 1924.

En 1954, la Compagnie Française des pétroles crée Total et regroupe peu à peu sous cette marque plusieurs sociétés de distribution.

En 1964, Total absorbe définitivement Desmarais Frères.

L'automobiline : une « essence homogène pour automobiles, voiturettes et tricycles » vendue en bidons de cinq litres dès 1886 



Automobiline
L’essence, est vendue aux automobilistes essentiellement en bidons de 5 litres. Ces bidons sont scellés par l’Etat, afin de garantir l’acquittement des taxes. 

Ravitaillement à la campagne.
En 1923 circulaient en France 445000 voitures. Soit 10 millions d’hectolitres d’essence consommés, qui répartis en bidon de 5 litres, donnent 200 millions de bidons et 10 bidons par caisse en bois soit 20 millions de caisses de bois.
Les bidons, caisses et fûts sont fabriqués dans des ateliers dépendant des raffineries.


AZUR, le premier carburant français dopé à l'éthanol



Ce n'est pas la couleur, ni la Côte d'Azur, mais le nom d'un carburant de qualité vendu entre 1932 et 1964. Il y avait même des saisons de commercialisation pour le carburant AZUR comme pour le Super-Ethanol (été, hiver, inter-saison)

Benzol


Le benzol extraite de la houille a un pouvoir calorifique très élevé, un point d’inflammabilité assez bas, est donc un combustible de grande qualité. Mais ne pouvait être employé qu’à des occasions exceptionnelles au milieu des années ‘30, étant assez rare, sa production étant en relation directe avec l’extraction de la houille, laquelle largement insuffisante pour pouvoir fournir des quantités de benzol adéquates. La France des années ‘30 devait même recourir aux benzols allemands, et c’était par conséquent un combustible très cher et trop cher pour l’utiliser à l’état pur.

Ethanol


L’alcool fabriqué à partir de la betterave a un pouvoir calorifique d’à peu moitié moindre que celui de l’essence. Mais c’était néanmoins un combustible remarquable, surtout par son pouvoir antidétonant très efficace: il supportait jusqu’à 15 kilogrammes par centimètre carré de pression sans détoner et pouvait donc développer une grande puissance à forte compression. De plus, il avait le pouvoir de s’opposer à toute dépose de calamine dans les moteurs, cette calamine qui fut un des gros problèmes mécaniques d’avant-guerre. Il avait en outre le gros avantage d’être un « combustible national », car poussant sur les terres françaises, il était supposé rendre la France indépendante des importation de carburant.






Liens



1 commentaire:

  1. Je cherche à joindre l'auteur du blog pour lui proposer un partenariat...

    Michaël du site www.musee-pompe, le « Musée de la station services et de la pompe ».

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