samedi 21 avril 2018

1899 : Editorial du Chauffeur (Baudry de Saunier)

Baudry de Saunier rejoint le Chauffeur pour promouvoir l'alcool moteur


Histoire de l'E85 / Superéthanol du XIXe siècle à nos jours


On parle de ce monsieur moult fois sur ce blog dédié à l'alcool carburant. Son entrée en tant que rédacteur en chef du Chauffeur a été très appréciée à l'époque. Ces publications étaient reconnues parmis les lecteurs.
En 1900, il publie notamment un traité "Sa majesté l'alcool : historique, fabrication, applications à l'industrie, à l'éclairage, au chauffage & à la force motrice"

Comme vous le lirez dans l'éditorial du Chauffeur de janvier 1899, la guerre entre les alcoolistes et partisans du pétrole était assez virulente. Bien plus que de nos jours ...



Louis Baudry de Saunier 1893


Editorial de la revue le Chauffeur original


1899


Deux faits notables marquent, pour les Chauffeurs, ce commencement d'année ...

L'entrée sur leur domaine de deux personnages intéressants : l'Alcool et M. Baudry de Saunier. Celui-ei se hissant de la selle du Bicycle au siège de l'Automobile, tandis que celui-là qui, jusqu'à présent ne chauffait que nos bouillottes, prétend à chauffer nos Moteurs.

Je salue cordialement M. BAUDRY DE SAUNIER, au moment où il prend rang parmi les écrivains automobiles en vue, tant par la publication de son livre l'Automobile Théorique et pratique, que par la promesse qu'il nous fait d'être, à la France Automobile, un Rédacteur en chef consciencieux. C'est, dit-il, « par ce procédé-là seulement qu'un tel Journal (la France Automobile) peut grandir sans cesse... »

Cette phrase a d'autant  plus de portée sous la plume de M, Baudry de Saunier, qu'il connaît mieux que personne les écueils du Journalisme soldé, puisqu'il quitte la direction d'une publication qui n'était: rien de plus qu'un prospectus hebdomadaire éditée par une Maison de Cycles. C'est pourquoi je le félicite hautement de cette profession de foi, dont il a senti la nécessité en entrant dans un tel Journal.

L'Alcool, lui aussi, fait de belles promesses, pour le. nouvel an : il s'engage à alimenter économiquement les Moteurs tonnants.
« Un moteur de. trois chevaux effectifs sur la jante des roues ne devra pas consommer plus de 60 centimes d'alcool par heure. »
C'est là un chiffre que nous croyons difficile à obtenir, au prix que coûte en France l'Alcool dénaturé ; mais il n'en faut pas moins applaudir à la tentative de M. Pétréano.

Je suis, comme lui et depuis longtemps, partisan de l' Alcool moteur ; c'est pourquoi je prends la liberté de protester contre le début de sa lettre du 28 Décembre dernier :

Le Vélo revenait hier encore sur la question des moteurs à alcool, après avoir attaché le Grelot tout dernièrement...

Or, ce n'est pas « tout dernièrement », mais il y a deux ans, que le Grelot a été attaché, par la publication de l'Article intitulé l'Agriculture et les Automobiles, paru dans le N° 870 du Technologiste (N° 2 du Chauffeur), et reproduit à la page 302, du 4e volume de mon Traité des. Véhicules automobiles sur Rouies.

Bien que n'ayant rien de commun avec César, j'estime que Giffard et le Vélo sont assez riches d'autre part, pour rendre au Chauffeur et à moi ce qui nous appartient. Je dois à la vérité de dire que je ne trouvai pas d'écho dans le public ni dans la presse automobile, au contraire.

Ma satisfaction n'en est que plus complète aujourd'hui, en constatant que, malgré les opinions tranchantes des organes et des personnes .qui affichent la prétention d'être les protagonistes du Progrès automobile (1),. mon grelot valait la peine d'être entendu. Mon grelot donnait le la..:

Hourra, donc et toujours, pour les hydrocarbures et pour la Patrie !

Et bonne chance à l'Alcool et à Baudry de Saunier, à qui nous devons la disparition de la vénalité dans les Moteurs, et des odeurs infectes dans le  Journalisme technique !!



(.../... à suivre) Louis LOCKERT.
Le Chauffeur 1899-01-11


(1) On peut lire dans la France, automobile du 20 Février 1S97 :
Il est donc certain que dans l'industrie on ne fera jamais- la substitution de l'alcool au pétrole. Môme il est probable que, pour des moteurs de luxe connue le sont actuellement les automobiles, la dépense de la transformation effraierait les plus prodigues d'entre les constructeurs (?) .
De même, dans la Locomotion automobile du 28 Octobre Î89S, sous la signature de M. Hospitalier : M RINGELMANN conclut, comme un fait, désormais acquis, (quel français ! ) qu'il ne faut pas songer à l'utilisation économique de l'alcool pour les moteurs, surtout si l'on tient compte des dangers d'incendie qu'entraîne la manipulation d'un liquide aussi inflammable.
 Ces conclusions restent exactes a fortiori en ce qui concerne les automobiles.
 Les inventeurs, et ils sont nombreux (à toi, Pétréano !) qui poursuivent la recherche d'un moteur à alcool ou à acétylène pour automobiles, accepteront difficilement des conclusions si peu encourageantes.
Nous croyons utile cependant de les faire connaître, en les appuyant de chiffres indiscutables, dans le but d'éviter bien des recherches, bien des surprises, bien des mécomptes et bien des déboires.
C'est bien de la bonté !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire